La cruelle poésie d’une bande d’enfants abandonnés, au Brésil des années 1930.
Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/08/30/je-me-souviens-de-capitaines-des-sables-jorge-amado/
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le 30 août 2014
Difficile de résister à la profondeur des mots de Jorge Amado qui cache derrière le récit de cette bande d'enfants abandonnés, les Capitaines des sables, tous les maux d'une société brésilienne déjà rongée par les inégalités. Offert cet été et ne connaissant absolument rien de la littérature de ce pays, je reste pantois face au talent de Monsieur Amado qui signe dès 1937, une quinzaine d'années avant Sa Majesté des mouches de Goldind, un tableau déchirant de jeunes adolescents livrés à eux mêmes.
Sans tomber dans un manichéisme maladif, qui tend à transformer tout ouvrage en pamphlet, Capitaine des sables dresse le portrait d'une dizaine de jeunes garçons, propulsés dès leur plus jeune âge au statut d'homme. Du chef charismatique balafré Pedro Bala, en passant par le terrible Patte-Molle et le futur gigolo Le Chat, la vie quotidienne de ces grands enfants détonne par leurs cambriolages, leur vie sexuelle précoce et cette soif immense de liberté, thème omniprésent du roman.
Impossible de se libérer du tournant, presque pathétique, apportée par l'arrivée de la belle Dora et sa chevelure blonde. Fille de lépreuse morte dans une indifférence dépeinte brillamment, la fillette, figure presque christique, penseuse des blessures que l'Abbé José Pedro, malgré sa sincérité, ne parvient pas ne serait-ce qu'à comprendre, apporte au récit une profondeur nouvelle et inenvisageable. Les premières pages du récit, indiquent, en effet, plutôt un traitement humoristique à travers un drôle d'échange épistolaire publié par le journal local. L'innocence de ces enfants, aux habitudes et vices pourtant durement décrits par l'auteur, rappelle au lecteur adulte une candeur oubliée.
Je ressors de cette lecture profondément marqué par le personnage de Chéri-Du-Bon-Dieu. Jorge Amado, athée, dépeint avec une étonnante sincérité, l'appel mystique de ce petit garçon noyé dans les affres de cet entrepôt, leur campement. "Une voix qui s'adresse, non pas à son ouïe, mais à son cœur, une voix qui l'appelle et le réjouit et l'effraie tout à la fois. Une voix qui, pour lui conférer le bonheur de la servir, exige tout de lui."
Jorge Amado n'a que vingt-cinq ans lorsqu'il publie Capitães da areia et son beau texte n'est pas exempt de tout défaut. Mais après quelques pages d'efforts, cette vie de plage et de joies volées charme violemment. J'ai hâte de découvrir le reste de son œuvre littéraire qui est, si j'en crois mes recherches rapides sur internet, incroyablement populaire au Brésil.
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le 24 sept. 2020
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