Je vous aime papa maman. Comment vont papy et mamie ?
Granville. Comme les noms qu'on retrouve en Normandie, ça finit par ville. Eté au camping, sur les falaises et proche de la manche, papa fait un barbeuc en short rose fluo et T-shirt tâcheté noir et blanc. Il a les jambes poilus et a chaussé pour l'occasion ses magnifiques tongs jaunes. Il possède la coupe qui arrive jusqu'au cou, cheveux frisés crépus que chérissaient tant les verts de Saint-Etienne. Maman s'occupe de ma grande soeur qui bientôt s'habillera en marinière, prendra des photos sur instagram et me fera chier car squattera la salle de bain pendant des heures et twittera que je l'emmerde à son tour. Et que dire de ma maman. Elle est trop belle. Trop simple comme phrase. Divine. Trop kitsh,
comme sa veste en jean, sa frange rousse et son T-Shirt blanc Fruit Of The Loom, James Dean groupie style.
Je regarde les photos de cette époque et je trouve ça beau. Une époque où mes parents avaient toute la vie devant eux et s'aimaient. Insouciance, et what else ?
Que ces photos faites aux polaroïds, qui font des couleurs fades et qui sont à la fois tellement emprises de couleurs, se retrouvent sur nos looks et agendas est belle marque de respect qu'on peut accorder à nos ascendants et ce qu'ils ont faits pour nous.
C'est le Fashion divin par nostalgies des débuts de l'aube, lorsqu'on ne savait même pas marcher et parler et que pour nous le soleil venait de se lever, comme si le monde s'était fait là. Une madeleine de Proust suprème indispensable à tout-un chacun.
On vous salut, on vous embrasse, on vous adore, vous serez toujours là, même si on avance.
Granville. Les années 40-50-60-70-80 et encore jadis. Une lumière perçante dans un ciel bleu poussiéreux, des vacances sans lendemain parce qu'on peut se les accorder et qu'on a plus de compte à rendre. Pas de la régression, seulement un hommage à nos parents qui perdent leur parents et qu'on va aider à consoler car il faut faire quelque chose quand même merde. Qui le fera sinon. Rappelle toi, ce que tu as vécu toi quand tu étais moi. Et continue à m'aimer, tu en aimeras d'autres et célèbre toi toi-même et les morts. C'est ce que les anges veulent. Moi je vous célèbre, parce que putain qu'est ce que c'est bon ce que vous êtes et de quoi vous vous êtes nourris, vos idées, vos cultures et même et surtout ce que vous abhorriez de papy et mamie. Ce sont des souvenirs, mais comme Senghor et son Orphée noire, il reste tant de vestiges des anciens à étudier et à utiliser pour élever l'âme collective et enrichir comme un trésor l'âme du futur. Aimons-nous, faisons la fête en famille parce qu'on en a le droit aussi.
Vestiges, musiques avec échos de guitares yéyé qui résonnent nos quotidiens et nous apaisent, et des chorus abondants dans des choeurs qui rythment notre coeur au corps et aux cors dans la randonnée dans la vie.
France je t'aime, même si on a tout le temps eu le temps de t'aimer écrasé-bien qu'aidé-par l'American Jersey. Il n'est jamais trop tard.