Peu de temps après la sortie de Choronzonic Chaos Gods, Seth van Loo et Patrick Boleij, deux des membres originels de Centurian, quittent momentanément le navire pour ce consacrer à Severe Torture ; ils laissent donc les postes de chanteur et bassiste vacants.
Deux membres d’une obscure entité du nom de Zi Xul font alors leur entrée : Jerry Brouwer en tant que bassiste/vocaliste et Oskar van Paradijs en tant que second guitariste.
Centurian obtient un contrat chez Listenable, enregistre l’album avec un producteur chevronné (Berthus Westerhuys, qui avait déjà travaillé avec Severe Torture notamment) pour une sortie en 2001. Je ne m’appesantirai pas sur la couverture passablement kitsch…
Et là, l’alchimie opère : le groupe livre ce qui est sans doute son album le plus réussi à ce jour.
C’est un véritable déluge de riffs qui tuent, en provenance de l’usine Oorthuis, avec la puissance et la précision qui étaient déjà acquises sur les précédentes offrandes.
Impossible de ne pas succomber à des morceaux comme Heading For Holocaust ou l’obsédant Conjuration For Choronzon, qui ravagent tout sur leur passage avec une vitesse et une précision ahurissantes.
La production est l'un des atouts principaux également, en ce qu’il rend justice à l’ensemble des instruments : la section rythmique est plus présente, toujours avec cette même légèreté et cette finesse d’exécution complètement bluffantes.
La voix de Brouwer est très proche de celle de van Loo, d’autant qu’il utilise les mêmes effets.
On sent clairement l’apport du second guitariste, car les deux gratteux offrent quelques séries de solos alternés, élément qui manquait cruellement aux sorties précédentes ; et ce dans un style très proche de celui d’un certain Trey A.
La nouvelle version de Hell At Last a enfin la patate qui lui faisait défaut sur la démo.
Centurian nous offre même une sorte d’interlude, le morceau instrumental Feeding Flesh To The Vortex en mid tempo avant la tempête qui suit.
La patte Centurian apparaît au grand jour avec des compos qui resteront dans les annales du metal extrême, tout en perpétuant l’héritage du fondamental Morbid Angel.
Un album qu’on peut se passer en boucle sans jamais s’en lasser, un véritable rifforama à l’énergie débordante et maléfique.
Centurian est sans doute à ce titre un des groupes qui a su le mieux tirer profit de ses influences tout en développant une personnalité unique et demeure encore à ce jour un des éminents représentant de ce qu’on pourrait appeler le « true spirit of Death Metal ».