Ceux qui me connaissent bien savent que j’aime NoFX plus que…que pas mal de choses.
Tout d’abord, musicalement, c’est quelque chose. Ces quatre là ont un sens inné de la mélodie, du rythme et surtout de la synthèse. Indispensable pour un bon cru de Punk. Leurs trente années de carrière sont émaillées de purs bijoux (The Decline, White Trash, Wolves, etc) et de fulgurances de génie (Murder the government, Fuck the kids, etc).
Pour ne rien gâcher, leurs concerts sont dantesques, jubilatoires, sincères, inimitables. Le Punk tout bêtement, tel qu’il devrait plus souvent être.
Et puis surtout, j’aime la façon dont ces types conçoivent et vivent leurs vies.
Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours aimé NoFX. Pour tout vous dire, j’ai même apprécié S&M Airlines. Pourtant cet album est objectivement lamentable.
Mais celui-là, l’innommable, c’est trop.
Même pour moi.
J’ai essayé mais rien n’y fait.
Sur cette infâme galette, NoFX ne joue pas le Punk-Rock subtil qu’on lui connaîtra plus tard. Non, ils font la seule chose qu’ils savaient alors faire, jouer vite. Et mal. Et désaccordé. Que les optimistes et libres penseurs des Inrocks se ravisent immédiatement ! Ce n’est pas de l’avant-gardisme. Ce sont quatre ados fins bourrés qui tripotent leurs manches.
Grands seigneurs et ne reculant devant aucune ignominie, les lascars s’autorisent carrément à saccager du Led Zeppelin.
Puisqu'on ne peut pas mettre 0 et qu’il faut trouver un aspect positif, notons que le titre est une belle contrepèterie (Animal Liberation) et que la pochette exploite subtilement les deux aspects de celle-ci.
Me vient alors une question ?
Par quel miracle ont-ils pu être signés et produits ?
« Justin Bieber l’a bien été, lui »
« OK mais il plait aux filles »
Alors comment ? Comment un tel vide artistique a-t-il pu trouver écho chez un producteur ?
Il faut pour cela remercier Brett Gurewitz de Bad Religion. Flairant, on ne sait comment, le potentiel de ces branleurs, il fut celui qui leur ouvrit les portes de la musique. Il ne s’est pas arrêté là et est pour beaucoup dans le succès de ce groupe formidable qu’est devenu NoFX, pilier de la scène Punk-Rock.
Et l’avenir lui a donné raison d’avoir cru en ces jeunes Punk débraillés. Car ils sont toujours là et livrent toujours à nos oreilles affamées leur ration de bon Punk mélodique.
Surtout, et c’est le plus important, Fat Mike s’est fait le digne héritier de son père spirituel. Aujourd’hui, sur son label Fat Wreck Chords, il signe régulièrement de jeunes groupes à priori sans avenir. Simplement parce qu’il croit en eux. Même s’ils ne font pas rentrer beaucoup d’argent. Par amour de la musique. Certains d’entre eux réussiront assurément (écoutez donc Propagandhi http://www.senscritique.com/album/Today_s_Empires_Tomorrow_s_Ashes/1314576) et il s’en trouvera un pour prendre le relais et faire vivre encore un peu l’utopie d’une musique libre.