J’aurais pu ne jamais écouter ce CD. Reçu en cadeau, j’espérais le plaisir d’une découverte inattendue. En effet j’aime le violon, instrument dont joue mademoiselle Stirling. Cette rencontre entre la pop et le violon ne pouvait qu’éveiller mon intérêt.


La première écoute m’a laissé perplexe car, si le jeu de Lindsey Stirling est convaincant, une décevante impression de répétitivité l’a finalement emporté. La violoniste ne joue pas en solo et son accompagnement vise un rythme souvent monocorde, avec une sorte de fatras électro permettant un certain habillage de l’ensemble. Avec un peu de réflexion, j’en étais à me demander ce que donnerait le violon de Miss Stirling sans tout ce qui l’accompagne ici, avant de réécouter le CD d’une traite, aussi attentivement que possible.


Tout d’abord, rendons justice à Lindsey Stirling la violoniste. Elle maîtrise parfaitement son instrument dont elle tire de très belles sonorités. On sent qu’elle fait corps avec lui, qu’il lui permet d’exprimer sa personnalité. Or, Lindsey Stirling est jeune et elle déborde d’énergie. Si sa fougue transparaît bien, on sent qu’elle a du mal à maîtriser ses élans. On a dû lui faire des remarques dans ce sens, car elle fait de nombreux efforts pour varier ce qu’elle propose. Mais, au moins pour l’instant, elle se montre incapable de jouer un air vraiment lent. Imaginons que nous sommes à la période de Noël, eh bien Lindsey Stirling ne se contente pas du sapin avec ses boules multicolores et les guirlandes, il lui faut aussi un défilé sur traineaux avec confettis, le spectacle son et lumière projeté sur une immense façade, le tout avec un feu d’artifice crépitant sur un fond sonore trépidant. Louable intention, mais c’est trop. Voilà, l’auditeur a du mal à profiter d’un ensemble surchargé, parce que les titres s’enchainent à raison de quelques minutes l’un, sans jamais laisser à l’auditeur le temps de reprendre son souffle.


Les capacités de Lindsey Stirling avec son violon ne sont donc pas en cause, mais sa volonté de montrer de quoi elle est capable, d’épater l’auditeur se retourne un peu contre elle. Autrement dit, sa virtuosité s’exerce aux dépens d’éventuelles qualités plus subtiles que son violon pourrait exprimer. Romantisme, langueur ou mélancolie par exemple. Cela tient peut-être à son caractère ou bien à son parcours. C’est une américaine originaire d’un milieu relativement modeste, qui a demandé toute jeune à apprendre le violon parce que son père écoutait de la musique classique. Elle a commencé à l’âge de 6 ans. Études pendant une douzaine d’années, au cours desquelles elle s’est liée d’amitié avec des rockers. Elle a joué du violon dans leur groupe. En 2010, se décrivant comme violoniste hip-hop, elle participe (quart-finaliste) à la cinquième saison de « America’s got talent » à la télé. Dans le style violon-rock, elle a gagné 2 titres lors de l’Arizona’s Jr. Miss que je ne connais pas, mais dont l’intitulé me rappelle irrésistiblement le film Little Miss Sunshine. Une sorte de revanche ? Toujours est-il qu’elle fait partie de ces talents qui ont émergé grâce à leurs vidéos personnelles placées sur YouTube. Ces petits bouts constituent ce premier CD de cette personnalité hors du commun. C’est vrai que chaque titre pris de façon isolée fait son effet. L’ensemble permet de mieux identifier les tics de la demoiselle. Son tempérament l’incite à utiliser divers accompagnements plus ou moins heureux. Une batterie souvent envahissante sur des rythmes assez élémentaires, un peu de piano, quelques vocalises et beaucoup d’effets électro. Bien entendu, cela met en relief la partie de violon. Malheureusement, cela donne un regrettable effet clinquant. Le plus étonnant dans l’affaire, c’est qu’elle n’a pas le besoin absolu d’utiliser de la batterie pour donner du rythme. Elle y arrive très bien, seule, avec son violon.


L’avenir dira quelle voie Lindsey Stirling empruntera. L’idéal serait un peu moins d’effets inutiles et un peu plus d’expressivité, avec davantage de diversité mélodique.

Electron
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le 4 févr. 2015

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