Musicalement, Nirvana n'avait en tout et pour tout à son répertoire que trois chansons, répétées et déclinées ad nauseam sur leurs trois albums studios, et alignées sur scène dans un désordre qui empêche de construire "professionnellement" une quelconque tension, comme il est normalement de bon ton de le faire : d'abord, un hymne dépressif aussi accrocheur que primitif ("Smells Like Teen Spirit", "Come As You Are") dont la mélodie et l'atmosphère est à peu près immuable. Ensuite, un morceau punk qui tient surtout par l'énergie dévastatrice que le groupe peut dégager pendant quelques brèves minutes ("Tourette's" ou "Territorial Pissings" en sont deux bons exemples). Enfin, il y a ce morceau quasi statique sur lequel Cobain ouvre son âme tout en réalisant qu'il ne sera jamais Neil Young, et "All Apologies" en est la plus émouvante version. D'où, sur scène, un sentiment impalpable de répétition qui est à la fois le charme inégalable et la limite de la musique de Nirvana.
[Critique écrite en 2009]