Pour qui veut cerner le personnage de Jeff Buckley cet album représente peut-être la pièce la plus fidèle, la "masterpiece".
L'atmosphère du café est parfaitement retranscrite. Pour peu on s'y croirait. Les morceaux sont entrecoupés de courts monologues qui permettent de rentré un peu plus dans l'ambiance et prendre part à cette tranche de vie.
Bien que l'album soit composé de plusieurs enregistrements, l'impression d'assister à l'émergence d'un artiste s'impose. Seul avec sa guitare, on découvre alors un homme d'une extrême sensibilité, fragile mais rieur par moments et surtout d'une grande spontanéité. Il reprend tour à tour des références telles que Bob Dylan, Nina Simone ou Led Zeppelin (et se moque des Doors). Jeff Buckley s'approprie tout ce qui passe, comme un magnifique Hallelujah (de Leonard Cohen) qui deviendra mythique et (presque) sien ainsi qu'un monumental Calling You (de Jevetta Steele pour Bagdad Café) qui marquera moins l'histoire que je place sur le même plan. Il nous propose aussi quelques premières versions de morceaux qui figureront dans son album studio Grace.
On retiendra la performance musicale, et vocale, mais bien plus le privilège de découvrir un artiste à ses premières heures, débarquant fraîchement à New-York et cherchant à se faire un nom. La sensation d'entendre le travail de Jeff Buckley sans filtre domine. Il se livre à nous sans concessions avec toute sa générosité. Il y a parfois des petits ratés. Mais, cet album est un témoignage qui s'oppose à tout les albums commémoratifs qui ont pu suivre et suivent encore sa disparition. C'est un Jeff Buckley vivant.