Pharrell Williams, dauphin ou fou du roi

2013 était une année résolument sous le signe de Pharrell Williams. On l'aura vu et entendu un peu partout, souvent dans les meilleurs coups, mais surtout en faire valoir. C'est un peu comme si le chanteur/rappeur (selon la météo) ne pouvait briller sans la lumière d'un autre artiste.

2014, lunettes de soleil et chapeau (toujours cette histoire de lumière), le Pharrell tente un putch. Mais pas de prise de risques. On récupère les bonnes idées et recettes de l'année précédente. Au programme donc : du funk, de la pop ciselée et légère, voix haute perchée, des filles (bien sur) et des gros featuring.

La musique de l'album varie entre funk et pop. Elle nous rappellera parfois les intentions de la musique de Michael Jackson, amusante et dansante ('Marilyn Monroe', 'Hunter', 'Gush'). C'est propre mais ça manque désespérément de personnalité et d'ambition, à l'image de cette pochette d'album qui ne peut que rappeler le sulfureux clip de 'Blurred Lines' en bien plus sage. Grosse déception par exemple sur 'Come Get It Bae' qui nous entraîne sur une guitare clinquante des 70's pendant les cinq premières secondes et qui finalement glisse sur les basses bien grasses déjà vu sur le tube de Robin Thicke. Déjà vu aussi sur le morceau suivant, 'Gust Of Wind', quand on entend le vocoder utilisé par les Daft Punk. Non pas que les robots frenchies aient le monopole du vocoder. Mais ce rappel un peu artificiel sur un morceau de Pharrell brouille les pistes et pose un petit malaise. Dommage, car le morceau était pourtant bien partie avec une première minute assez plaisante, rappelant le hip-hop/funk très sexy de Me'Shell Ndegeocello.

Produit par Pharrell Williams himself, l'album compte quand même un duo avec Justin Timberlake (déjà passer par le même syndrome du "faire valoir" que Williams) accompagné de cuivres percutants et rayonnants ('Brand New') et un autre avec l'excellente Alicia Keys pour un titre bien ensoleillé aux accents reggae ('Know Who You Are').

Mention spéciale (quand même) pour 'Happy' le tube très en joie de ce début d'année, 'Lost Queen' aux reflets très soul apaisants, et 'It Girl' entre chaleur et percu du Brésil, riff de guitare et Rap New-Yorkais pour des couleurs très proches ce que faisait D'Angelo.

Je retiendrais de cet albums son manque de prétention. Il nous offre une petite brise de fun pour l'arrivée du printemps mais certainement pas un vent de fraîcheur. La sensation d'un copier-coller des idées et tendances du moment est un peu trop présente pour faire de G I R L plus qu'une distraction.