J'écris cette critique tant bien que mal, sans avoir écouté l'album depuis deux bonnes années
"Up" est à part dans la discographie du groupe. Annoncé dans le style par "New Adventures in Hifi", l'album marque néanmoins une grande rupture dans l'oeuvre de R.E.M. Les critiques de l'époque n'ont d'ailleurs pas suivi ce virage. Q Magazine le place dans la liste des 50 pires albums jamais enregistré ( the 50 worst albums ever) jusqu'en 2006 où il reçoit une note très honorable de 4 étoiles.
Premier album sans Berry, le batteur, et le rock des teenagers d'Athens s'envole dans les nimbes de la musique électronique pour gagner en noirceur et mettre encore un peu plus en avant les ténébreux et énigmatiques textes de Stipes.
L'esprit rock est toujours là (Lotus, Walk Unafraid). La pop aussi (At My Most Beautiful, Daysleeper) et donne au groupe des airs de néo Beach Boys. Une sorte de repère au milieu d'une oeuvre déroutante.
- Le reste de l'album est noir. "Profond" est peut-être le mot qui
correspond le mieux pour décrire l'ambiance. On a souvent
l'impression de s'enfoncer dans la musique. La musique électronique
ne rime pas ici avec froideur. Le son a quelque chose d'organique, de
vivant. Parfois le rythme et la répétitivité de la musique nous
conduit au bord de la trance (Hope, Fall to Climb).
- La deuxième impression qui domine est la qualité d'illustration et de
création d'univers autour des textes. —Airportman— est un petit bijou
dans cette catégorie.
- La voix de Stipes est le troisième et dernier élément que je
retiendrais pour cette critique. Parfois grave et profonde, parfois
planante, elle est la pièce maitresse de l'album et lui donne une
connotation très touchante et personnelle (The Apologist, Why Not
Smile, Sad Professor).
J'ai désespérément envi de réécouter cette oeuvre mais je préfère la mettre de côté. Je réserve cet album comme on réserve un bon vin, pour de grandes occasions. A boire de grands crus tous les jours, on fini par ne plus voir leurs caractères exceptionnels. J'ai connu R.E.M. avec cet album. Malheur m'en a pris. Aujourd'hui, je suis toujours à la recherche d'un équivalent, sans succès.