Double disque ambitieux de 88 minutes signé Canned Heat, « Living the Blues » est composé, à l’image de « Wheels of Fire » de Cream sorti peu de temps avant, d’une face (la première) enregistré en studio et l’autre en live. L’ensemble contient 10 chansons, les 7 premières sont assez courtes (allant de 2 à 7 minutes) et les trois dernières, l’une clôturant le premier disque et les deux autres recouvrant le second, durent environ 20 minutes.
Le premier disque, le meilleur des deux, est excellent. S’ouvrant sur le génial « Pony Blues », Canned Head impose tout de suite la cadence, les musiciens sont en grande forme, inventifs et en osmose, notamment Henry Vestine à la guitare et Alan Wilson à l’harmonica. Et c’est de même pour la suite de l’album, un parfait mélange de blues et de rock. Les chansons « courtes » se suivent de belles manières sans fausse note que ce soit avec les excellents « Boogie Music », le rock « One Kind Favor » (quelle intro !), « My Mistake » ou encore « Walking By Myself » (avec un superbe solo d’harmonica) qui bénéficie de l’apport de John Mayall. Tout le long de ces chansons, on ressent l’influence majeure du blues américain mais joué à la sauce Canned Heat avec cette atmosphère humide et sudiste.
Et puis forcément, les deux sommets de cette première face avec "Going up the Country", l’hymne hippie d’une génération qui s’est révolté contre son pays et ses institutions, immortalisé à Woodstock (http://www.youtube.com/watch?v=Hf0Dm-OaTNk). Chanson entraînante, inventive, évoquant l’évasion de la routine et utilisant à merveille la flûte de paon. L’autre grand (géant !) moment, c’est le long « Partenogenesis ». Divisé en 9 sous parties, cette sorte de blues rock retraçant la genèse du rock et du blues s’avère trippant de bout en bout. Les musiciens sont au sommet, que dire de la partition d’harmonica lors du deuxième segment ou de cet immense solo de batterie ? Fabuleux ! Un mélange de boogie, de blues, de rock, des airs parfois jazzy, le tout avec cette atmosphère qui sent bon les contrés du sud du Mississippi, comme sur tout l’album d’ailleurs. Un régal. D’ailleurs John Mayall apparaît dans ce long morceau (la partie Bear Wire).
Mais si le premier disque se rapproche de la perfection, ce n’est pas vraiment le cas du second. Un seul morceau séparé en deux parties de 20 minutes pour le répartir sur le vinyle. Commençant de la meilleure des manières avec un superbe passage à la guitare électrique (non accompagnée) « piqué » à John Lee Hooker. Le groupe s’amuse, improvise, joue de la meilleure des manières mais… les 41 minutes sont trop longues et l’improvisation aurait pu être raccourcie d’une dizaine de minutes.
Derrière le géant « Boogie with Canned Heat », surement le must du groupe californien, un double disque légèrement trop long sur la fin mais qui sent l’authenticité, le renouveau musical américain de la fin des années 1960 (avec CCR, Joplin…) tout en conservant les racines blues. Un grand disque pour un grand groupe.