400 grammes de Metal, 150 grammes de Rock, 1 zeste de Country... Hein quoi?!
Pfffiou, quel fouillis ce Load! Ça part un peu dans tout les sens, c'est l'impression qui se dégage. La diversité, l'ennemi public n°1 du puriste: la branche la plus conservatrice du fan de Metal. Difficile de les blâmer pourtant, tant Load est à des années lumières du passé du groupe, celui-là même qui avait fait sa gloire et sa réputation.
Mais non, Metallica n'est plus ce p'tit groupe de djeunz' qui balance une purée de riffs thrashy, matinée d'harmonies furieuses et de soli envoûtants. Entre temps, il y a eu la superproduction qu'est le Black Album et ses imposants tubes. Les petits ont fait leurs preuves, et ont plein de sous maintenant.
Du coup, les Four Horsemen nous la jouent crise de la quarantaine et proposent des compositions beaucoup plus matures, moins de folie, moins de démesure. La rage propre au groupe est toujours présente, avec l'hargneux Ain't My Bitch. La voix de James n'est désormais plus criarde, sinon chaleureuse, posée; mais l'attitude reste bien rock et tend vers un certain sens du groove. Cela se ressent immédiatement dans les rythmiques des compos moins heavy que le titre d'ouverture. "2x4", "Wasting My Hate", "Ronnie" sont des morceaux vraiment atypiques à ce moment précis de la carrière de Metallica. Les mélodies bénéficient d'un travail plus complexe. Le riff de Ronnie par exemple est plutôt original dans son genre. La production est également plus proprette et lisse, ce qui va donner bien des convulsions aux die-hards fans. Pourtant, si on fait preuve de recul et d'intelligence (ce dont le die-hard fan manque obviously...) on ne peut qu'apprécier la trajectoire empruntée ici par Metallica. En étendant ses horizons, tout en puisant dans ses principales inspirations, le groupe donne une dimension beaucoup plus large à sa musique, ce qui n'empêche pas pour autant l'album de garder une ligne directrice cohérente.
Helloween en 93 et son horripilant Chameleon n'avait pas réussi à exécuter avec brio l'expérience du pot-pourri. Mais à la différence des citrouilles, Metallica est ici, un groupe beaucoup plus mature, avec un line-up qui (pour l'instant) tient la route, laissant la place à un travail plus abouti probablement...
Mais revenons à notre affaire Load. Car si la forme est réussie, le fond l'est tout autant. Metallica propose de vrais perles oubliées de sa discographie. Il ne faut pas oublier que de nos jours, Load est un album sous-estimé. Comment ne pas prendre son pied à l'écoute du lancinant Bleeding Me? Un véritable échange de riffs blues et heavy portés par la voix chaleureuse et intimiste d'Hetfield. Et que dire des singles: "Until it Sleeps" très efficace où l'on retrouve cet aspect groovy; "King Nothing" qui aurait eu sa place sur le Black Album (A la structure similaire à "Enter Sandman" d'ailleurs, d'où le "We're off to Never-Neverland" prononcé par James à la fin). Easy-listening certes, mais furieusement entraînant. Enfin on trouve également des OVNIs qui sont tout autant jouissifs. Je veux parler de la ballade country "Mama Said" assez émouvante où James revient sur la relation qu'il avait avec sa mère... "Hein, ballade COUNTRY?!" Mais oui... Il n'existe aucun règlement sacré du Metal qui interdit ce genre d'introduction dans les compos du groupe que je sache... Par contre, la réussite est bien réelle, elle. On la retrouve sur le final "The Outlaw Torn" et ses monumentales 9 minutes... Ah, et pour l'anecdote, la version longue (!!!) se trouve sur le single de "The Memory Remains" car il n'y avait pas la place nécessaire pour l'accueillir sur le disque... Bon cela n'apporte finalement pas grand chose de plus, "The Outlaw Torn" est un titre de heavy rock plutôt atmosphérique, assez étrange mais pas non plus avant-gardiste. Je vous laisse le soin de l'apprécier à sa juste valeur...
Load est au final un joyeux bazar. Le genre de bazar où l'on est finalement content de se rendre. On à affaire à tout et n'importe quoi, mais on sait qu'on va trouver ce dont on à besoin... De la bonne musique pardi! Les morceaux ne sont pas tous de purs chefs d'oeuvres loin s'en faut, mais Metallica nous sort un album complet, et, à mon sens, le plus inspiré de leur discographie. On ne pourra pas en dire autant de son successeur... Ah et j'aimerais terminer sur la couverture du disque très... euh... abstraite? Artistique? Bon en tout cas, comme le soutient Vince Vaughn dans ce chef d'oeuvre du 7ème art qu'est Dodgeball, "Le sang et le sperme c'est une idée intéressante".