On qualifie souvent de "Trilogie Berlinoise" les albums Low, Heroes et Lodger - de façon un peu absurde car seul Heroes a été entièrement enregistré à Berlin (seulement en partie pour Low, pas du tout pour Lodger) ; et si les 3 albums partagent le même style new-wave, Scary Monsters qui suivra en 1980 sera lui aussi exactement dans la même veine... Mais bref, toujours est-il qu'autant les deux premiers albums sont cultes, autant ce troisième est bien moins connu - il sera d'ailleurs accueilli assez froidement à sa sortie mais peu à peu réhabilité avec le temps (les daubes sorties par Bowie dans les années 80 y sont sans doute pour quelque chose...).
L'album sonne assez brut, aussi bien au niveau de la production (pourtant très léchée habituellement chez Bowie) que des compositions, qui poursuivent les expérimentations entamées sur les 2 albums précédents (même si, cette fois-ci, il n'y a pas de morceaux instrumentaux). Du coup, Lodger ne s'apprécie pas totalement à première vue, où il peut paraître un peu décevant et inconsistant, mais il se bonifie au fil des écoutes, où on s'habitue à son style déjanté (les parties de guitare et de synthé sont parfois assez space).
Il y a vraiment du bon sur ce disque, notamment Fantastic Voyage (qui ouvre l'album) qui porte plutôt bien son nom, et l'enchainement DJ/Look Back In Anger/Boys Keep Swinging est excellent. Le reste de l'album est plutôt réussi, hormis peut être Yassassin, que je trouve correcte, sans plus... Après c'est aussi une question de goûts ; il m'a fallu du temps par exemple pour apprécier African Night Flight, complètement perchée, qui est presque trippante. Reste que la fin de l'album, sans être mauvaise (loin de là), aurait pu être plus marquante...
Bref, Lodger est un album imparfait mais attachant, qui est à découvrir pour qui aime l'artiste. D'ailleurs, hormis Scary Monsters (plutôt bon mais un peu inférieur), la suite de la carrière de Bowie sera bien plus décevante à quelques exceptions près... Alors autant en profiter!