Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio
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Numéro 24 : Lodger
En 1979, un nouvel album de David Bowie sort. Le premier depuis 1977, l'année suivante ayant été consacrée à la tournée justifiée par la sortie des deux albums Low et Heroes. Ces deux albums constituent avec celui de 1979 ce qui est appelé la "Trilogie Berlinoise", bien que le dernier n'ai pas été enregistré à Berlin mais en Suisse et partiellement à New York. Ce dernier album étant Lodger. Cette trilogie aurait pû avoir un nom faisant plus référence à Eno, collaborateur essentiel de Bowie sur les trois albums, qu'à une ville où justement le troisième album s'émancipe en ayant, notamment, comme thème principal le voyage.
Lodger est donc l'album qui conclue cette trilogie et le fait est qu'il ne jouit pas de la même réputation prestigieuse que les deux précédents. Le succès commercial est relatif et les critiques plutôt mitigées, souffrant une nouvelle fois de la comparaison avec ses deux grands frères. Néanmoins, l'album sera quelque peu réhabilité avec le temps, considéré parfois comme l'un des trésors cachés de la discographie de David Bowie. Autant mettre les pieds dans le plat, je ne fais pas partie de ceux qui tiennent ce discours.
Je reviens sur la notion de trilogie et je ne trouve que très peu de communs entre cet album et les deux autres. Lodger est pour moi totalement différent, aussi bien sur le fond que sur la forme. Au-delà de se ressembler au niveau sonore, Low et Heroes ont la même structure, avec une première partie d'album chantée et une seconde instrumentale. Ici, que ce soit dans la structure ou dans le ton, nous sommes véritablement sur autre chose. Cela n'est pas une critique en soit, je pense qu'un troisième album dans la lignée des deux autres avec une nouvelle fois la même structure aurait été bien redondant. Pour autant, trop peu de choses lient Lodger au reste, si ce n'est la présence de Eno et cette volonté de trouver des sonorités peu entendues dans la musique pop-rock. Il est pour moi plus l'annonce de ce qui arrivera par la suite dans la discographie de Bowie qu'une conclusion de ce qu'il a fait juste précédemment.
L'album s'ouvre sur le très plaisant "Fantastic Voyage" mais est suivi par "African Night Flight" que j'ai longtemps détesté. J'avoue plus le tolérer avec le temps et je ne sais pas comment cela est devenu possible, rejetant auparavant tout ce que contenait ce morceau, de la production au chant de Bowie. "Move On" permet de repartir sur de bonnes bases en donnant un véritable sentiment d'aération. L'album parle de voyage et cela est fait aussi bien à travers les paroles chantés qu'aux instrumentalisations et ce titre en est un bon exemple. "Yassassin" prolonge ô combien ce dépaysement en étant, qui plus est, très efficace. Il y aura par la suite quelques morceaux plus quelconques, "Red Sails" et "Long Back In Anger" pour les citer. Ils ne sont pas désagréables pour autant et sont entrecoupés par le très entraînant "D.J.", morceau qui est lui aussi d'une efficacité redoutable. "Boys Keep Swinging" est, au-delà d'être le plus gros succès de l'album, bien sympathique et aurait très bien pu conclure l'album, étant dans le thème aussi bien au niveau lyrical que musicale. Malheureusement, la fin du projet est pour moi bien anecdotique, "Repetition" et "Red Money" ne provoquant chez moi que de l'indifférence.
De manière générale, je vois en Lodger des choses bien sympathiques, quelques titres très entraînants et une ambiance générale assez plaisante, mais l'album relève plus de l'anecdote me concernant. Il ne me vient en effet que très peu de fois l'envie d'écouter le projet, bien que je lui reconnaît volontiers des qualités. Le fait est que l'album souffre de la comparaison de ce que Bowie a fait auparavant, et pas qu'à travers Low et Heroes. En revenant une dernière fois sur cette trilogie, le fait que ce dernier opus soit associé aux deux autres a certainement joué de manière inconsciente sur mon jugement de l'album. Au-delà de sa qualité que je trouve bien moindre par rapport aux précédents, il me renvoie musicalement plus au prochain album Scary Monsters (dont nous voyons les réminiscences ici) qu'à ceux faits à Berlin. Il n'en reste pas moins que Lodger est un album ayant ses qualités et que bien qu'il soit parfois confus et pas vraiment notable, est agréable à écouter.