Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio.
Numéro 24 : Pin Ups
En 1972, la carrière et la vie de David Bowie changea drastiquement avec la création du personnage le plus connu parmi ceux crée par l'artiste anglais: l'extra-terrestre Ziggy Stardust. C'est sous les traits de ce personnage que Bowie a sorti son album le plus connu et qu'il a effectué une longue tournée de dix-huit mois, épuisant le chanteur aussi bien physiquement que mentalement. Bowie décida donc l'année suivante, après la sortie de l'album Aladdin Sane, de faire une pause et de tuer son illustre alter-ego. Ne voulant pas rester inactif pour autant, un nouvel album sort, intitulé Pin Ups dont la particularité est d'être un album de reprise, le seul de sa carrière.
La nature de l'album fait qu'il est considéré comme mineur dans la discographie de Bowie. Pour autant, et toujours dans la lancée de Ziggy Stardust, l'album est un succès commercial, ne restant pourtant pas dans la postérité. Les retours et avis sur l'album étant toujours divers, de ceux qui trouvent le projet est une véritable perle à ceux qui le trouvent décevant.
Pour ma part, ce n'est ni l'un ni l'autre. Je dois cependant dire qu'à trancher, je rejoindrais certainement plus les enthousiastes. David Bowie rends ici un hommage sincère à ces chansons des années 60 qu'il aimait tant, ces dernières passant sous le filtre "Bowie".
Si "Rosalyn" est une reprise rock dont l'énergie est similaire à l'original, le côté fantasque de l'artiste glam se fait ressentir dès sa très appréciable reprise de "Here Comes The Night". La dynamique entre ces deux premiers morceaux se répètent avec les deux suivants, le plus rock "I Wish You Would" et le plus planant "See Emily Play". Nous sommes emportés dans un tourbillon d'énergie et cela ne va pas cesser avec "Everything's Alright" qui aurait pu, encore plus que les autres morceaux, être dans la première partie de l'album Aladdin Sane et "I Can't Explain", non marquant mais ne cassant pas le rythme. S'ensuit un gros temps fort du projet avec le superbe "Friday On My Mind" et le plus gros succès de l'album, "Sorrow". De ce temps fort, nous en venons à un segment plus anecdotique, entre le encore très rock "Don't Bring Me Down" et le plus agréable "Shapes Of Things". L'album se termine de manière toujours très rythmée mais avec la sensation de conclusion bien présente. En effet, "Anyway, Anyhow, Anywhere" et "Where Have All The Good Times" ferment de manière bien efficace ce qui est une parenthèse dans la carrière de Bowie, mais non dénuée d'intérêt.
Pin Ups est un album sans prétention, reprenant des morceaux de la contre-culture mod, chère au chanteur. Concernant la qualité des reprises en comparaison aux versions originales, le travail a été plutôt très bien fait. Étant au paroxysme de sa période glam, il est intéressant de noter que Bowie se distingue le plus des chansons d'origines lorsque celles-ci lui permettent davantage de s'exprimer de manière plus ample, les chansons plus rock étant généralement bien plus identiques aux différents matériaux de base.
Néanmoins, si Pin Ups n'est pas une parenthèse dénuée d'intérêt comme dit plus haut, elle n'en reste pas moins une parenthèse. Pour un artiste créatif comme l'est Bowie, un album de reprises, aussi bon soit-il, ne peut être considéré comme autre chose que mineur. Mineur étant ici en référence à l'impact qu'un album peut avoir dans une carrière et non à la qualité intrinsèque du projet. Prenant toujours un plaisir certain à écouter l'album, il ne me vient que peu de fois l'idée ou l'envie d'écouter intégralement l'album, malgré sa courte durée et le fait qu'il soit très bien condensé. Cela est justifié par le fait de ne pas être pleinement séduit par les titres plus "rock'n'roll". À noter que la pochette de l'album est particulièrement jolie. Une fois la parenthèse fermée et ce bon album, qui est aussi un très bon album de reprises, sorti, David Bowie fermera définitivement la porte du glam..