Long Way Home est rempli d’indécision, bien qu’il soit bien plus maitrisé que ce que le mot laisse entendre, car cette indécision est voulue. Des chansons comme Falling Short et Tell me the Truth se retrouvent parfaitement dans cette nouvelle mouvance de R’n’B minimaliste tout en poussant les limites de ce genre. Il y a quelque chose étonnamment émouvant dans Tell me the Truth en particulier, titre dans lequel Låpsley fait preuve d’une maturité qui serait celle d’une personne de vingt ans son ainée. En effet, rappelons que la chanteuse n’a que 19 ans. Long Way Home n’est certainement pas l’album le plus complexe au niveau des paroles, les chansons traitant majoritairement des débris d’une relation amoureuse mais la capacité de la jeune chanteuse originaire de York à transmettre ses émotions magnifie l’album.
Une chanson se démarque cependant par son style musical inspiré du Motown : Operator (He Doesn’t Call Me). Le thème tourne toujours autour d’une rupture mais elle sonne cette fois plus juteuse, funky, plus fun, comme si elle souhaitait s’attaquer au principe du cœur brisé. On a plusieurs fois l’impression qu’un chanteur s’est invité sur certains titres, mais c’est en réalité Låpsley qui joue de sa voix. Sans recourir à des effets de studio, la jeune Anglaise use de sa voix comme d’un instrument versatile : elle est capable de stridences dans le style d’Adele comme sur Hurt Me, mon titre favori, ou Love is Blind pour exposer sa puissance mais aussi de murmures délicats à la Dusty Springfield comme sur Painter.
Les qualités techniques de Låpsley ne peuvent être remises en cause. Elle pose sa marque avec cet album et lorsqu’elle se met à chanter avec son cœur, elle devient irrésistible.
Un premier album de 47 minutes peut sembler long pour certains, mais Long Way Home est cohésif sans pour autant enfermer Låpsley dans un son répétitif et limité. Avec ses percussions façon 80’s, ses refrains épiques et une touche de disco up-tempo qui coexistent confortablement, elle préfigure déjà d’un deuxième album alléchant. Il faut espérer qu’elle ne sera pas sous-estimée par la suite car, de toute évidence, son talent parle pour elle.