Looney Tunes : Back in Action est le film des adieux ; ceux du réalisateur Joe Dante à Hollywood après s'être vu progressivement confisquer le contrôle artistique de son film par le studio, mais aussi ceux du compositeur Jerry Goldsmith à la musique et à la vie. Agé de 74 ans au moment où le film entre en post-production, l'ami et compagnon de route de Dante depuis Gremlins se bat depuis 2001 contre le cancer. Bien que son état de santé décline de jour en jour, quittant parfois prématurément le studio pour rejoindre son domicile, il parvient à assurer la composition de la quasi intégralité du film. Travailleur infatigable, il examine attentivement le style de Carl Stalling, auteur des musiques des premiers Looney Tunes, et se voit adjoindre les services du compositeur et orchestrateur Cameron Patrick, dont l'expérience sur les séries Minus et Cortex et Titi et Grosminet mènent l'enquête lui est d'une grande aide. Mais doutant de pouvoir honorer ses engagements, Goldsmith, par l'intermédiaire de son agent, demande à se faire remplacer par John Debney sur les dernières séquences.
Des conditions de création terribles, donc, pour un résultat pour le moins miraculeux.
D'abord parce que la partition de Goldsmith déborde d'énergie et de vitalité, multipliant ici les références directes (Gremlins) et indirectes (ses compositions pour le western dans les titres The Bad Guys ou Car Trouble) à ses précédentes œuvres, ou à celles de confrères (Psycho de Bernard Hermann, Un Homme et Une Femme de Francis Lai). Hallucinant de maitrise, ce déluge ininterrompu et virtuose de citations colle parfaitement à l'esprit foutraque des Looney Tunes. Ensuite parce que John Debney, en grand professionnel, assure vaillamment la continuité du score de Goldsmith.
Oublions donc la médiocrité du film qu'elle illustre : la musique de ce Looney Tunes : Back in action est un pur plaisir de gosse et de mélomane.