Bien que vendu comme un succédané de John Wick auquel il paie par ailleurs son tribut au détours de quelques scènes, Monkey Man n'est pas une production qui joue la carte de la facilité, Dev Patel en réalisateur et acteur principal d'un film d'action n'allant vraiment pas de soi.
La volonté première de Patel sur ce long métrage était de nourrir son scénario de la spiritualité hindou, notamment du mythe d'Hanuman. L'autre idée était de planter un contexte social, montrer la manière dont les marginaux et les riches interagissent et habitent l'espace urbain. Des choix qui font de Monkey Man un film très ancré dans l'actualité, multipliant notamment les références à la politique menée depuis plusieurs années par Narendra Modi ou Adityanath, mais surtout qui créé une adhésion autour de la condition de son héros, son trauma et son désir personnel de vengeance. Une adhésion à laquelle la maîtrise du registre dramatique par Dev Patel n'est pas étrangère.
On apprécie également le traitement que le scénario réserve à certains personnages secondaires, à l'image de cette gérante d'hôtel impitoyable ou ce gardien du temple transsexuel, qui permet au film de sortir temporairement des sentiers battus.
Film d'action oblige, Monkey Man ne manque pas non plus de punch ; la caméra ne cesse jamais de se déplacer, de panoter, de multiplier les angles de prises de vue, cherchant à traduire par l'image l'énergie traversant son environnement et son héros. Par ailleurs, les séquences de combat, si elles sont peu nombreuses, durent longtemps, très longtemps, obligeant dès lors le réalisateur à ne pas ménager ses efforts pour varier les affrontements.
Alors certes, le fruit de ces efforts n'est pas toujours très bon, certains passages manquant cruellement de lisibilité. Néanmoins, il y a une cohérence visuelle, et surtout une profonde vitalité, une rage qui emporte véritablement le morceau.
Dev Patel ne réussit donc pas tout ce qu'il entreprend sur Monkey Man. Mais il a le mérite de tenter des choses assez audacieuses pour un premier film et dans un genre avec lequel il n'est pas familier, pour un résultat au final plutôt honorable.