Les défauts de Monkey Man ont abondamment été mis en avant et commentés, mais lui reprocher de singer (en l'occurrence John Wick), c'est faire bien peu de cas de sa nature propre.
Evidemment, le personnage principal (Bobby) est un gentil garçon, qui a perdu un être cher, s'attache à un adorable représentant de la gente canine, se fâche, fomente une terrible vengeance , tout habillé de noir comme si déjà il portait le deuil de ses adversaires. Pourtant Monkey Man ne saurait être réduit à cette simple inspiration, l'épopée de ce catcheur looser payé pour se prendre des raclées sur le ring dissimulé derrière un masque simiesque rappelle parfois Rocky, lors de scènes d'entrainement intense qui révèlent la véritable grandeur de l'homme et ses capacités de dépassement.
Les imperfections de ce premier exercice sont il est vrai assez nombreuses, et d'autres, nous les aborderons plus loin, un peu plus ennuyeuses que ces emprunts ou plagiats supposés. Cependant, "Monkey Man" est également un film hautement attachant, pétri de bonnes intentions, ancré plus profondément dans un contexte social, politique que les "actionneurs" classiques. Pour ces raisons, il a été fraichement accueilli par les autorités indiennes qui ont tardé à délivrer le visa de sortie.
Patel, acteur et désormais réalisateur britannique, n'est effectivement pas tendre avec sa patrie d'origine, exhibant des rues sordides, crasseuses à l'image de la moralité de nombre de ses personnages à l'âme corrompue. Certains par choix et pour asseoir une position sociale établie, d'autres par nécessité, pour assurer leur survie. Bobby lui-même surnommé "Kid" est un ancien taulard, marqué ,(nous le découvrirons petit à petit par une succession de flashbacks un peu redondants) par l'assassinat de sa mère, serveur dans un établissement chic et se trouve témoin des abus de la classe dominante, versant dans la luxure, la drogue, un univers dans lequel les hommes achètent les femmes humilie les faibles. Ce qu'il voit alimente son côté sombre, une animalité que l'on devine présente, prégnante et lorsqu'un acte de vengeance manqué lui fait irrémédiablement perdre pied, il cède à une violence déraisonnée.
"Monkey Man" devient également un film d'action, mais ici les scènes de combat ne sont pas esthétisantes, chorégraphiées, au contraire tout n'est que fureur, expression de la fièvre vengeresse qui anime le "Kid". La caméra est posée en plein cœur des scènes, virevoltante, accentuant le sentiment d'immersion, même si l'utilisation répétée des plans de proximité donne parfois une sensation un peu claustrophobe.
Bref "Monkey Man" est bien une œuvre imparfaite, mais c'est un film fait avec un cœur et une envie énormes, et c'est déjà beaucoup...