J’ai toujours été fan de cinéma et de musique dans leur ensemble avec, bien évidemment, des summums, des extrêmes, des points culminants. JOHN CARPENTER, lui, était le zénith. Subtil, méticuleux, novateur, indépendant, il aura tout simplement été le premier metteur en scène auquel j’ai voué une admiration sans bornes. Il est l’un des plus grands réalisateurs américains de tous les temps et est devenu à l’aube de mes douze ans mon idole tous genres confondus au côté de Ennio Morricone, découvert l’année précédente, en 1982. La musique est et restera pour moi un art qui prend toute son ampleur quand elle est se veut cinématographique. C’est tout bonnement avec ces deux immenses artistes que, pour moi, assez tôt, j’ai découvert cette passion.
Réputé aussi pour la composition de ses propres musiques de films, dont quelques perles telles que "Assault on Precinct 13″, "Halloween" et "Escape From New York" (le premier CD acheté avec mon argent de poche !), l’américain aura joué sur deux tableaux avec une maestria qui en aura influencé plus d’un. Alors, quand sort pour la première fois de sa carrière un album sans images, qui plus est après tant d’années sans intéressant projet, je suis forcément aux aguets. Tant et si bien que le vinyle tournera sur ma platine avant sa date de sortie officielle.
Profonde inspiration dans le monde de la musique synthétisée, JOHN CARPENTER a commencé en 1974 derrière son EMS VCS-3 pour composer la musique de son film à très très faible budget "Dark Star". A partir de là, et quel que soit la marque de son matos, il se tiendra constamment au même concept : nécessité économique et minimalisme électronique.
Enregistré en collaboration avec son fils Cody et son filleul Daniel Davies, LOST THEMES est la symbiose de 40 ans de Big John. L’instrumentation limitée est une de ses forces et "Vortex" rappelle les paysages sonores d’un slasher dans lequel un meurtrier poursuit sa victime dans une sombre bourgade. C’était inéluctable et c’est d’une incroyable efficacité. La suite joue avec toutes les ambiances particulièrement tendue comme celle qui se propageait sur la bande originale du film PRINCE OF DARKNESS. Cependant, dans l’ensemble, c’est plutôt vers les rythmes de BIG TROUBLE IN LITTLE CHINA, GHOST OF MARS voir même VAMPIRES auxquels l’essentiel de ces plages font penser. On ne frémit que trop peu. Tant pis. L’atmosphère est lourde, flottante et appuyée. En somme, une continuité de son travail car, non, LOST THEMES n’est pas une compilation de ses meilleurs thèmes, c’est un disque moderne, cohérent, fidèle, logique et sûrement pas copieur du passé. C’est donc une réussite et ça faisait un moment que JOHN CARPENTER nous avait plus habitué à cela.