Smoke & Mirrors
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le 18 janv. 2014
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---------------------------------------- L'Avis par Chanson -----------------------------------
• Chef d'oeuvre/Unique : -
• Excellent/Coup de coeur : Beauty, Knowledge Don't Know, Lonely Feelings (trop dur de le mettre en dessous)
• Bon/Remarquable : Crack, Lonely Feelings, Ain't No Remedy, Hsrs
• Sympa/OK : From These Restless Hours
• Passable/Oubliable : -
• Mauvais/Non-inspiré : -
PS : L'Avis par Chanson ne définit bien sûr pas la note globale de l'album. Cohérence, originalité, impact sur la musique, thématiques abordées, sont autant d'autre critères valables.
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Love supreme, c’est le genre d’album qui te tombe sous la main par hasard et te fou la claque de la semaine.
Car en écoutant la chanson Crack recommandée aléatoirement par l’algorithme de Spotify, j’avais d’abord simplement été gentiment intrigué. L’ambiance du morceau, le timbre et les belles harmonies jouées par le Rhodes (ou similaire ?), ce blues feutré et surtout cette voix rauque toute particulière (je me serais presque cru dans The Pure and The Damned d’Iggy Pop et Oneohtrix Point Never)... Il n’en fallait pas beaucoup plus pour me diriger tout curieux vers l’album dont cette chanson était la première piste.
Et nom d’un mouton mal tondu, quel album que voici ! Moi qui m’attendais à une sorte de Leonard Cohen boosté aux synthétiseurs, je me retrouve à me faire surprendre, piste après piste, par une musique étonnamment variée et changeante, jouant avec les genres et les ambiances, proposant un tout protéiforme et pourtant diablement harmonieux. Et surtout, que c'est bien produit ! L'attention aux détails est ici au point d'orgue et chaque instrument, chaque texture est minutieusement placé.e et travaillé.e, jouant sur l'espace sonore que les musiciens s'assurent toujours de laisser - pas de surcharge, ça respire, tout en étant très riche et parfois dense.
Le duo mené par les français Joseph Morice et Kenzo Roz (avec régulièrement en co-auteur Jean baptiste Morice) n'a pas cessé de s'assurer que je prêtais une oreille attentive, en proposant à chaque morceau une dimension nouvelle de leur approche.
Juste après le morceau Crack vient donc Lonely Feelings, single de l'EP qui vous sera peut être familier puisqu'il avait été utilisé pour le trailer de la saison 5 de Black Mirror. J'étais personnellement passé à coté et, même si ce n'est pas celle que je préfère, je comprend tout à fait ce choix : c'est puissant, chargé d'émotion, et surtout très cinématografriendly (je voulais l'essayer celui-là). Ce genre de chanson type "douche synthétique sur voix" n'est plus vraiment nouvelle (on aura déjà entendu choses similaires chez du James Blake, Moderat/Apparat, ou de manière plus précise xxyyxx ou même M83), mais c'est encore fichtrement efficace. La voix toujours très caractéristique de Joseph Morice qui embaume la pièce participe d'ailleurs malgré tout à démarquer le morceau.
Avec ça, j'étais définitivement happé dans le projet. Knowledge Don't Know et Ain't No Remedy viennent simplement confirmer ce que je pensais identifier jusqu'alors : on joue ici sur les codes, on s'amuse à proposer une histoire de blues narré par de l'electro presque pop, et ça marche carrément. L'arpège répétitif de Knowledge Don't Know t'embarque sans que tu puisses guère y sourciller pour t'offrir un crescendo exquis tandis qu'Ain't No Remedy tente peut-être l'assemblage le plus délicat de l'album (qui n'aura d'ailleurs pas vraiment marché sur moi la première fois) en alliant couplet jazz-trip-hop plus doux à la Jay-Jay Johanson et refrain explosif à base de... trompette électronique (ou modifiée en post ?). Poussée à bloc. En plus d'avoir une mélodie très frontale, à mon avis ça passe ou ça casse... mais c'est cette audace que j'aime chez eux, ils y vont à fond.
Je ne vais pas m'étaler autant sur chaque chanson, bien qu'il est important de noter qu'avec Beauty on touche à l'une, si ce n'est ma piste préférée de l'album (tout y est, l'étoffe duveteuse de la voix vocodée, les nappes texturées des synthés qui tapissent l'ensemble, l'arrivée du battement électronique pour terminer sur un "beauty" à la fois glaçant et brulant... c'est impeccable). La balade pianotée d'Hsrs la succède très bien et si From These Restless Hours est celle que j'aime le moins (contrairement à Ain't No Remedy, la sauce n'a cette fois pas pris et je la trouve malheureusement assez oubliable), Sun est une conclusion très réussie, avec un final qui combine tout ce qu'ils ont essayé de construire jusqu'ici. Cette fois, l'usage du saxophone fonctionne et glisse comme mamie dans sa baignoire (enfin... ou un truc comme ça).
Pour conclure, disons que Love Supreme, c’est une musique de contraste. C’est piocher dans le blues d’antant pour y ajouter les arpégiateurs modernes, travailler le calme et le ouaté pour ouvrir plus grand les oscillateurs, c’est jouer avec les limites tout en restant complètement accessible. Car cet EP, bien qu’il puisse en apparence cocher la case d' « album de hipster » par excellence, est finalement très pop. Ils ne proposent d'ailleurs rien de particulièrement compliqué, ni d'extrêmement original. Si j'ai fait l'affront de citer autant d'artistes différents (le name-dropping n'étant pas toujours très constructif), c'était surtout pour mettre exergue la diversité des inspirations, pour certaines évidentes, du groupe et la résultante hybride de leur travail.
Un seul conseil : foncez-donc l'écouter pour vous faire votre avis. Avec un peu de chance, vous tomberez vous aussi sous le charme !
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Créée
le 15 sept. 2024
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