The tanned
Saison 1 :Voilà une série qui n'a pas fait grand bruit à sa sortie et qui est pourtant riche d'une écriture assez unique. En cette période de disette, où toutes les séries sont standardisées,...
Par
le 14 déc. 2022
37 j'aime
3
L'Australie ne mérite d'être éternellement reconnue que pour deux choses. La beauté stupéfiante de ses actrices, et l'album Lovers de Sleepy Jackson. Ce jugement définitif n'engage que moi, et je l'assume.
Été 2003, le journal Magic ! titre sur le renouveau de "la pop ensoleillée". Si le courant porté à bout de bras par The Coral, The Thrills, The Tydes, Polyphonic Spree et The Sleepy Jackson n'a pas grand chose à voir avec les groupes des années 60, on peut au moins leur accorder le mérite de proposer des compositions inspirées, enrobées d'une forme d'optimisme solaire.
Et avec Sleepy Jackson, le jeune Luke, fils de Rick Steele un folkeux australien à la petite renommée, signe un disque à la haute qualité inexplicable. Une l'inspiration presque trop brillante pour être le fruit des premiers efforts d'un type de 20 ans qui n'a jamais quitté la banlieue de Perth.
La première idée qui vient à l'esprit est celle de la découverte par hasard de titres inédits de Lennon. Imaginons qu'à l'occasion d'un voyage en Australie, le Beatle ait égaré une valise contenant des démos personnelles datant de 68. Et que par un moyen improbable, le contenu soit arrivé entre les mains du jeune Luke. Je suis même prêt à admettre l'hypothèse Yesterday, à savoir que ce gamin vient d'un monde parallèle où un groupe rival des Beatles et des Beach Boys aurait essaimé durant 3 décennies hit sur hit... Et Lovers serait une compilation réalisée par le bien heureux Luke, au look improbable de trans mexicain. Ce talent bien délimité expliquerait que la source se soit tarie aussi rapidement. Car les projets postérieurs sont tous médiocres, et le talent bien présent sur Lovers et par moment sur le second album, est bien trop rares.
Comment expliquer sinon le génie absolu derrière This days ? Que tout le monde soit passé à côté de ce Na na na na naaaaaaa, de ces évidences mélodiques présentes sur Come to this sur lesquelles Lennon-Mccartney ont naguère mis le doigt (ce son de guitare doit tout autant au Sweet Lord de George Harrisson ou au #9 Dream de Lennon) ?
Lovers ne se contente pas de surfer sur le gratin mélodique des sixties ou pire de le pasticher avec 40 ans de retard, on y trouve des notes modernes assez divertissantes : le Madchester sur "Tell the girls i'am not hanging out", du lo-fi fluo avec Vampire racecourse.
Prenons Good Dancers le morceau inaugural, il signe l'exploit rare de créer une mélancolie euphorique avec des chinoiseries incrustées dedans. On dirait du Brian Wilson de la grande époque, cette mélodie évidente qui ne tombe que tous les 50 ans, malheureusement sur ce coup-là, elle est tombée dans l'indifférence générale. Miniskirt, vieille rengaine country entêtante ("if i was a girl i would wear a miniskirt into town") est un autre bijou que Dylan n'aurait pas renié.
On compte peu de maillons faibles sur ce disque, peut-être ce Morning bird chanté par une enfant (oui j'ai horreur des enfants qui chantent) et qui doit certainement sa présence à la micro hype autour de la Langley schools music projet, Fill me with apples, intermède titubant et anecdotique qui rappelle le Fitter happier de Radiohead sur Ok Computer, et don't you know qui rappellera peut-être à certains des trucs de Riuchi Sakamoto.
L'album se clôt avec Old dirt farmer + Morning rain, un titre country qui évoque Townes Van Zandt ou Neil Young et une courte ballade sur fond de pluie qui tombe ( choix toujours payant depuis Well i wonder des Smiths). Classe absolue.
Luke Steele était en état de grâce, même les face-B étaient bénies des dieux. Pack of nails, Caffeine in the morning sun, Sunkids, ou Sunglass man aurait pu figurer sur l'album. Autant d'exigence pour finir par se vautrer dans le putassier d'Empire of the sun achève de rendre cette trajectoire artistique incomprehensible.
Lovers est paru en 2003, 17 ans après, la magie opère toujours, certainement le disque le plus inusable de ma discographie. J'y reviens régulièrement avec un plaisir intact là où les The Bends et autres Grace ne provoquent que désintérêt et bâillements.
À découvrir d'urgence si le name dropping dont j'ai usé sans modération remue quelque chose en vous.
Créée
le 18 mars 2020
Critique lue 86 fois
6 j'aime
Du même critique
Saison 1 :Voilà une série qui n'a pas fait grand bruit à sa sortie et qui est pourtant riche d'une écriture assez unique. En cette période de disette, où toutes les séries sont standardisées,...
Par
le 14 déc. 2022
37 j'aime
3
Un meurtre d'enfant aussi sauvage que sordide, des preuves accablantes qui incriminent contre toute attente un citoyen respectable d'une paisible bourgade (elles le sont toutes là plupart du temps...
Par
le 10 mars 2020
29 j'aime
6
Regardons de plus près les similitudes entre les deux grandes sensations horrifiques de l'année :- Barbare de Zach Cregger. Pendant 30 minutes, c'est pas mal, les 40' suivantes baissent en gamme...
Par
le 3 nov. 2022
27 j'aime
7