Lucky Jim par Co_SwEuphoria
Jeffrey Lee Pierce dansait avec le diable comme Robert Johnson, et troussait des paroles inouïes mêlant l'amour, le sexe, la mort et la rédemption, dans la quête du trip définitif. Il exhumait ses déchirements intérieurs comme personne. L'entendre, c'était succomber corps et âme à sa voix sur le fil du rasoir, sublime et teigneuse et plonger dans une violente mélancolie qui n'excluait pas la férocité du regard sur le vif des sentiments...
Disque honni et maudit ''Lucky Jim'' c'est le chant du cygne du groupe et surtout c'est Jeffrey-Lee Pierce l'âme à poil et une valise pleine de chansons à chialer. « Idiot Waltz » est à mes yeux, l'une des plus belles cartouches du Gun Club toutes périodes confondues -y compris celle de la trilogie infernale "Miami"," Fire Of Love" "Las Vegas Story" - Se souvenir de ce mantra fou « 'It was foolish to be alive It was foolish in a foolish time" et avoir les yeux humides..
Par ailleurs, les poignantissimes 'Cry To Me' « Anger Blues » voire « Kamata Hollywood City" continuent de m'obséder jusqu'à la moelle encore aujourd'hui .
A l'époque, Pierce voyait Romi Mori, sa muse, bassiste et amante roucouler backstage avec son batteur Nick Sanderson .Ce disque 'malade' et désespéré au sens littéral, c'était une ultime bouteille jetée à la mer, jouer à je t'aime moi non plus, arracher l'orgasme ultime et balancer en guise d'adieu déchirant la vérité dans son extraordinaire cruauté, sur fond de splendides échappées de larsen, d'orgue Hammond et de solo étincelants qui voyaient Pierce métamorphosé en pistoléro despérado louvoyer quelque part entre Hendrix et Tom Verlaine et même ridiculiser Clapton himself à son propre jeu .
Pas le plus grand Gun Club mais un bel album très mésestimé à mon sens...' Love Is strange and insane, let's just rearrange...'