Il y a quelque chose de terriblement attachant dans la musique de Meishi Smile.
Faire un rythme entraînant n'a rien de bien compliqué dans la musique électronique. Un beat métronomique et fort suffit. Ce qui est difficile, c'est d'ajouter une texture sonore et émotionnelle à la musique. Les morceaux noise possèdent l'avantage de présenter dans leur texture une émotion physique : le caractère abrasif des sons est une porte ouverte aux sensations. Dans un autre style, le brouillard sonore du shoegaze présente l'avantage d'être flou : on peut donc y calquer beaucoup d'émotions diverses. La pop quand à elle traduit généralement ses émotions de manière directe : des mélodies sensibles et vite assimilées. La J-Pop est son versant excessif, car le côté kitsch est plus ou moins assumé, ou valorisé.
Une part des artistes officiant dans les nombreuses facettes de l'electro ne font que combiner boucles sonores et percussions répétitives. Meishi Smile se démarque sous la forme d'une combinaison de divers styles : la rythmique techno pour entraîner l'auditeur. Une touche de noise pour accentuer la puissance. Et ce côté niais inhérent à la pop. LUST c'est de l'electro des étoiles plein les yeux. Les claviers ne jouent que dans les aigus, et se superposent dans des nappes qui pourraient être planantes si seulement les beat n'étaient pas aussi présents.
LUST est un peu la musique de boîte idéale. Si les boîtes étaient un endroit pour décompresser de manière nostalgique. Ce qu'elles ne sont évidemment pas. Je ne pense pas pour autant que Meishi Smile pourrait bien passer en compagnie d'autres personnes. C'est un certain délire kitsch. Une musique tellement entraînante et pourtant triste dans le fond. Cela fait plaisir de voir qu'il existe des œuvres qui n'hésitent pas à assumer leur sensiblerie.
LUST est donc une bien belle anomalie musicale et peu connue, avec tout le mauvais goût inhérent aux œuvres qui sortent de l'ordinaire.