Y a quelque chose de fou qui se dégage de cet album, une sorte de vivacité endiablée à la fois étrange mais jubilatoire.
Ca commence tout doucement pourtant, avec le titre éponyme de l'album, une parole prophétique, annoncée par une voix grave et profonde, quelques notes de guitares bientôt rejointes par l'électrisante guitare de Eddie Hazel. Et ça dure comme ça dix minutes, dix minutes de variations jouissives, non sans rappeler Santana, non sans rappeler les plus grands moments du rock progressif (nous sommes en 1971 après tout). La légende veut que George Clinton, le chanteur du groupe et le claviériste, ait demandé à Hazel de jouer comme s'il venait de perdre sa mère. Cela donne à l'ensemble du morceau un air élégiaque, noble et puissant. Le morceau, littéralement incroyable et culte pour les amateurs du genre, a été enregistré en une fois. L'émotion pure, non retouchée. Un principe que l'on retrouve dans oo de l'album 666 des Aphrodite's Child ou dans le célèbrissime The Great Gig in the Sky de The Dark Side of the Moon, une capacité d'improvisation et de génie instantané aujourd'hui révolue.
Puis l'album reprend le style du groupe, le funk, dans un mélange de psychédélisme, de soul, de rock,de gospel et de groove. Can You Get That dégage une énergie folle. Guitare acoustique, piano rythmé, choeurs que l'on croirait sorti d'une chapelle protestante du sud des États-Unis, dans une procession extatique ; un mélange magnifique de ce qu'est la musique américaine. L'orgue de Hit And Quit It rappelle toujours la dimension spirituelle de l'album, renforcé par une guitare aux accents très rock. Le reste l'album dégage la même énergie, alternance de choeurs, de piano, de solos de guitares à la Hendrix, d'interludes déments et étranges. Wars of Armageddon achève l'album par un morceau expérimental, fait de bruitages, de paroles délirantes, d'intermèdes musicaux rythmés par des beuglements de vache, d'animaux étranges et de bruits de pets totalement incongrus, avec une noirceur proche de la fin du monde.
A la fois noir et mystique l'album Maggot Brain est un album proche de la démence, aussi bien dans ses expérimentations endiablées, son mélange des genres, son style non conventionnel et sa musique rythmée, entêtante, funky et rock. L'album puise ses racines dans la musique du sud des États-Unis, mélange Hendrix, gospel et funk pour le grand plaisir des oreilles. C'est toute l'Amérique qui surgit. L'énergie qui s'en dégage est simplement jubilatoire, étrange pour un album dont le thème est pourtant la mort. Les années 70, décidément, c'était le bon vieux temps.