Marrow of the Spirit
7.6
Marrow of the Spirit

Album de Agalloch (2010)

They escaped the weight of darkness to drown in another...

Par trois fois déjà, les quatre Américains d'Agalloch nous avaient surpris par leur maitrise du Black Metal atmosphérique et leur originalité semblant sans limites, sans doute liée à un océan d'influences (musicales mais aussi cinématographiques) d'une diversité ébouriffante : de Depeche Mode à Darkthrone, en passant par Joy Division. Cette fois-ci, ils reviennent céans avec leur quatrième album : le très inaccessible Marrow of the Spirit, sorti chez Profound Lore, après quelques soucis avec le précédent label du groupe, The End Records. Entièrement enregistré avec du vieux matériel d'époque, il demeure la plus complexe des oeuvres du groupe, à ce jour.

La première chose que l'on peut saluer est le courage des musiciens pour enregistrer un album aussi riche uniquement avec du matos vintage. Ca ne s'entend pas sur la paisible intro "They Escaped the Weight of Darkness", uniquement composée de bruits d'oiseaux, de rivières, et d'un violon bien mélancolique comme il faut. En revanche, "Into the Painted Grey" est une véritable explosion, et on constate l'ampleur du travail. Le morceau démarre dans la fureur la plus totale (pour vous dire, il m'a fallu 5 écoutes rien que pour saisir le premier riff) et, malgré ses nombreux changements d'ambiance, laisse une terrible impression de rage désespérée. Par la même occasion, on remarque un élément qui a plutôt changé par rapport aux disques précédents : la voix. Moins criée, presque murmurée, mais toujours aussi nasillarde, et plus que jamais déchirante. Le son des instruments est juste parfait, on a des guitares brumeuses bien fondues avec la basse, une batterie qui rappelle tant de bons moments passés à écouter des classiques du genre des années 80 et encore cette voix, cette voix colérique et hurlante si délectable.

L'autre point notable de l'album, c'est la diversité des expérimentations. On sentait déjà sur Ashes Against the Grain une envie d'essayer de nouvelles choses (souvenez-vous du triptyque "Our Fortress Is Burning"), même si ça restait encore vague sur l'ensemble de l'album. Ici, on sent que les membres d'Agalloch se sont fait plaisir. Ainsi, le morceau "Black Lake Niðstång" contient un long passage de Drone, on retrouve du violon sur le premier morceau et le dernier, "To Drown", etc ... Ce dernier morceau, parlons-en. Il reprend dans ses paroles le titre de l'intro, le thème au violon dans la musique, le tout avec une tristesse autrement plus profonde. Sur ses 10 minutes, le morceau contient de nombreux changements, que l'on pourrait presque qualifier de "mouvements". La musique est plus glacée que jamais et les paroles sont déprimantes comme c'est pas permis ("They chose to drown in a deeper vacancy", "They escaped the weight of darkness / To drown in another..."). Un excellent morceau de fin d'album, en somme. A l'instar de "A Desolation Song" sur The Mantle, ce morceau final nous dégoûte définitivement de la vie, et en ressortant de cette longue expérience (que dis-je, ce long voyage), le monde semble tellement gris et triste que la seule envie que l'on ressent, c'est de se repasser le disque, ou un autre du groupe.

Malgré tout cela, je dois dire que Marrow of the Spirit reste l'album d'Agalloch que j'ai eu le plus de mal à aborder, même s'il fait aujourd'hui partie de mes favoris. Trop inaccessible ? Peut-être, pourtant j'ai bien approfondi la chose au fil des écoutes, aussi nombreuses soient-elles. Peut-être que ce n'est pas suffisant, peut-être que je n'arriverai jamais à saisir la beauté totale de ce disque ... qui l'a saisi ? Personne, peut-être. Et c'est bien ce qui fait la beauté d'Agalloch.
toothless
9
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le 25 oct. 2014

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