Curieuse formation que celle de ce power trio venu tout droit d'Aquitaine, composé du chanteur/guitariste
Julien Pras (celu-ci profitant déjà d'une renommée grâce à son autre groupe bordelais Calc, qui pèse six albums en 10 ans), du bassiste Jimmy Kinast (également chanteur à ses heures), et du batteur Benoit Busser.
En effet, depuis longtemps déjà, Pras rêvait de son à la Black Sabbath et Led Zeppelin, rêve qu'il partageait avec son ami Jimmy. Un soir, alors qu'ils assistent tous deux à un concert d'un groupe de math-rock, ils sont ébahis par le batteur, qu'ils considèrent comme une "fusion parfaite de John Bonham et Todd Trainer". Le groupe se forme alors, et après quelques répétitions productives, le projet d'un album se profile.
Pour nous livrer ce premier EP, le groupe est allé s'exiler loin de la verdure de nos campagnes françaises, jusqu'en Espagne, dans le désert des Bardenas Reales (le concept n'étant pas sans rappeler les Desert Sessions organisées par Josh Homme dans son studio au beau milieu du désert californien). C'est donc là bas, dans une cabane au coeur de ce no-man's land ibérique que les trois girondins, seulement bardés de leurs instruments et d'un studio "de poche" (qui a nécessité d'improviser une installation électrique sur place), s'enferment pendant une semaine pour mettre en boîte un 7-pistes d'un stoner lourd fleurant bon le groove psychédélique des 70's.
C'est donc sur l'excellent Strong Reflection que l'album s'ouvre, et sur son riff de basse désaccordée à l'extrème, obsédant et surfuzzé. Un morceau très représentatif de ce que le groupe propose par la suite, avec la récurrence de la formule basse stoner/guitare psychédélique. Premier sentiment à l'écoute: la voix, très aigüe, semble planer au-dessus de cette avanlanche de riffs aussi lourds qu'une chute de rochers dans le désert espagnol, créant cet intéressant contraste à l'écoute entre la violence contenue des instruments et l'impression de se sentir assez léger pour flotter dans les airs. De même, la réverbération infinie de la guitare transporte l'auditeur dans un voyage temporel, à une époque où porter des pattes d'eph sous une cascade de cheveux longs ne semblait pas si saugrenu. Chaque morceau parvient à raconter une histoire à l'auditeur, de
Curse (le single de l'album) à Marble Sky, en passant par Way To Rome, chacun est libre de s'imaginer scrutant l'horizon du haut du Grand Canyon, chevauchant un mustang en plein Far West, ou conduisant une Camaro à travers l'Arizona.
L'album propose également deux morceaux instrumentaux, Falls et Saddle Point, approuvant ainsi l'idée que le stoner reste un genre très mélodique, qui ne se limite pas à inonder les fans de riffs gras et saturés.
La dernière piste, Up The Stairs, conclut l'album à la perfection, en donnant à son public l'impression que le groupe transmet une note d'espoir, comme un appel à une suite -que l'on espère- prochaine.
Notons que sur l'édition vinyle de l'EP, une huitième piste est présente, The Ravens Are Back, qui semble légèrement en décalage du reste de l'album, avec des sonorités beaucoup plus sombres, plus angoissantes, comme pour contraster avec la piste précédente. Il est cependant logique que le morceau n'évolue pas dans la même ambiance, dans la mesure où celui-ci a été enregistré par la suite, il ne bénéficie pas du même contexte d'enregistrement que ses congénères.
Un album très homogène donc, qui tend à ravir tous les fans acquis au genre, et à séduire les non-initiés.
La scène stoner hexagonale n'étant pas à proprement parler une scène très développée, peu de groupes peuvent prétendre au titre de porte-drapeau. Il semblerait cependant que nous ayons trouvé en Mars Red Sky un sérieux candidat.
Bloquez donc vos prochaines 45 minutes, et insèrez l'album dans la chaîne hi-fi, la platine, le lecteur K-7 ou le mange-disque. Chaudement recommandé.
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