Mellon Collie and the Infinite Sadness par khms
Après s'être révélé au monde avec le fantasque Siamese Dream, les Smashing Pumpkins reviennent plus fort et ambitieux que jamais, avec un double-album (ou triple vinyl, c'est selon) conceptuel représentant l'écoulement de 24 heures, du petit matin avec l'éponyme "Mellon Collie and the Infinite Sadness" à la nuit "By Starlight". Des propres mots de Billy Corgan, leader du groupe, cet album devait être le "The Wall" de la Génération X, pari réussi ou pas ?
En tout cas, les citrouilles font fort, puisque l'album couvrira après tout le répertoire musical qu'abordera le groupe tout au long de sa carrière, de la pop nostalgique avec "1979", au cybermetal "Zero", ou encore la très progressive "Porcelina of the Vast Oceans".
Plus que jamais, cet album jouera sur la dualité, du jour et de la nuit, du calme "Take me Down" et de la violence "X.Y.U.", de l'espoir "Tonight, Tonight" et du désespoir "Bodies" (et son énorme Love is suicide).
Long de près de deux heures, ce double-album sera un véritable voyage à travers toutes les facettes de la mélancolie, et la tristesse infinie, comme le titre de l'album l'explicite si bien. De la rage à la tristesse, la colère à la clémence, personne n'en sortira indemne.
Un petit mot sur la production de Flood, absolument parfaite puisque l'album n'a pas pris une seule ride. Il faut aussi compter sur les quelques folies des musiciens, comme sur la chanson "Cupid de Locke" où le rythme est battu par... Une paire de ciseaux ! Et tant qu'à parler des citrouilles, il faut dire qu'ils sont au sommet de leur forme, avec un Corgan (toujours aussi génial, ça va de soi), guitariste et chanteur, qui lâche un peu la pression sur ses partenaires, leur permettant de s'exprimer, comme James Iha, le second guitariste, qui parviendra à caler une de ses compositions (Take me Down), à D'Arcy Wretsky, la bassiste, de chanter sur "Beautiful", et même à Jimmy Chamberlin, un des meilleurs batteurs de sa génération (il suffit d'écouter "Bodies" ou "Porcelina of the Vast Oceans" pour se persuader de son talent) de pousser la chantonette, avec tous les autres membres sur sur un "Farewell & Goodbye" onirique, cloturant ainsi l'album comme il a commencé, avec quelques mesures de pianos.
Mellon Collie and the Infinite Sadness n'est peut-être pas le nouveau "The Wall", mais en tout cas, il s'en approche, jusqu'à le tutoyer. À l'image de "Bullet with Butterfly Wings" et son refrain désormais incontournable (Despite all my rage, I am still just a rat in a cage), ou Muzzle et ses paroles sur le ton de la confidence (I fear that I'm ordinary, just like everyone), ce double-album représente l'apogée des Smashing Pumpkins, du rock alternatif durant les années 90, voire même du rock, tout simplement. Un must-listen incontournable et intemporel dont on ne peut sortir inchangé.