La pop de Lorde est complexe et pas facilement saisissable au premier abord. Cette chanteuse au texte adolescent pointu soulève ses interprétations par des ornements instrumentaux dans la continuité de son premier album Pure Heroine, sorti en 2013 (déjà).
À ce moment, elle s'imposera comme une révélation internationale pop, tout droit venue de Nouvelle-Zélande. Tandis que tous les garçons et les filles de son âge passent le bac en France (je mets en situation locale), Lorde, elle, met un coup de pied moderne dans l'industrie musicale en proposant une musique minimaliste, propre à la personnalité de la chanteuse. Involontairement, celle-çi va, grâce à un bon sens populaire, aider au déploiement commercial d'une nouvelle musique mainstream plus axée sur la recherche de silence et de la parcimonie. Cette musique, c'est celle que l'on entend par exemple sous nos oreilles ces derniers temps à la radio. Ed Sheeran, Beyoncé, Justin Bieber, Rihanna. Le beat s'est décomplexé et se met sur son 31, chacun l'interprête à sa manière.
C'est donc sur la base d'une marque de fabrique malheureusement un peu redondée depuis à peu près 3 ans que Melodrama s'est posé. Melodrama apaise, joue avec les rythmes et les arpèges comme une enfant joue à brosser délicatement sa poupée, de peur de lui arracher les cheveux. La production fait un peu moins dans le gros beat à tendance hip-hop, comme il avait pû être le cas auparavant sur des chansons comme Bravado, Tennis Court ou Team. Mais il est vrai que l'on explore de nouveaux recoins. L'étonnante présence de guitare sur The Louvre et ses rythmes 80's, l'énergie décomplexée de Green Light et Perfect Places, le tout saupoudré discrètement de riffs claviéristes et synthétiques à la The Naked And Famous, par moments, sur ce deuxième morceau.
Melodrama se révèle plus varié et sonne assez comme la bande son d'une after-party de "high school students" dans les années 80-90. Si cela peut s'afficher comme une particularité évidente, elle s'en débrouille en restant sur des idées d'anti-abondances de synthés et d'effets dans tous les sens, s'exposant aux côtés d'une voix que j'ai ressenti comme plus intimiste et chaude.
Vous me direz, ces influences eighties n'ont rien d'original non plus de nos jours, puisqu'il me semble qu'on a tendance à retrouver de ça dans beaucoup de musiques pop actuelles, et ce depuis un certain temps aussi. Mais cette combinaison à la patte Lorde offre l'image d'une expérience musicale de l'artiste plus ouverte.
Lorde grandit et gagne en technique. Le tout, sans en faire des tonnes. Subtilité.