Le chant des fantômes
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le 24 mars 2023
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Le chemin parcouru par Depeche mode depuis ses débuts est parfaitement unique. D'abord un groupe de pop sans grande ambition, ils ont su devenir des géants de la pop industrielle dans les années 80 avec "Some great rewards" (1984) et "Black celebration" (1986), puis des géants de la pop-rock tout court avec "Violator" (1990) et "Songs of faith and devotion" (1993). À chaque crise qu'il a traversé (les overdoses de Dave Gahan ou les tensions au sujet de l'écriture des morceaux), le groupe a toujours su rebondir en offrant des albums qualitatifs devenus des classiques ("Ultra" en 1997 et "Playing the angel" en 2005). Et une crise, Depeche mode en a traversé une en 2022 avec la mort de son membre fondateur Andy Fletcher.
L'album était déjà prêt au moment du drame, et les deux membres restants, le chanteur Dave Gahan et le cerveau Martin Gore, ont décidé de le sortir avec toutes les nouvelles connotations qui s'y sont greffées.
Car oui, le titre, "Memento mori" (souviens toi que tu vas mourir) a été trouvé avant le décès de Fletcher, preuve s'il en est que tout le monde est concerné par la mort. Universelle et redoutée, elle est abordée avec une certaine sagesse sur ce 15ème album. Ici, pas de place pour le déni, la mort frappera bien à notre porte un jour ("Ghosts again"), l'idée est donc de savourer la vie avant qu'il ne soit trop tard ("Before we drown").
Depeche mode se fait vieux, alors ils écrivent leur testament musical. Lyriquement, Dave Gahan ouvre son cœur comme jamais sur le bouleversant "Speak to me", réminiscence de la période la plus sombre de son existence. Musicalement, le groupe retourne en 1982 avec l'hypnotisant "Wagging tongue". "People are good" est un clin d'oeil assez appuyé à "People are people" (1984), tandis que "Never let me go" est relié à "Never let me down again" (1987).
Une fois de plus, Depeche mode évolue dans la noirceur. Les paroles sont parfois pessimistes, presque desespérées. Le titre d'ouverture, "My cosmos is mine", rappelle un "Welcome to my world" (2013) ténébreux au possible dans lequel le repli sur soi est la seule solution face à la cruauté du monde. "Don't say you love me", titre cinématographique comme Depeche mode n'en a jamais fait, dégage une grande tristesse, incarnée à la perfection par un Dave Gahan plus impliqué que jamais.
Alors, dans cette noirceur ambiante, la lumière est toujours recherchée, et elle arrive sur le sublime "Soul with me". Seul morceau chanté par Martin Gore, il nous réconcilie avec la vie, la mort, la noirceur de l'existence. Celà faisait une éternité que le cerveau du groupe ne nous avait pas grattifié de frissons pareils sur un de ses morceaux, certainement depuis "Home" (1997), ce qui n'est pas peu dire.
Alors après toutes ces émotions, on a envie de se vider la tête avec des morceaux simples et efficaces, et Memento mori en propose aussi. Si vous êtes nostalgiques du Depeche mode des années 2000, "Caroline's monkey" est fait pour vous, tandis que "Always you", titre moderne quasi instagramable, vous donnera envie de somnoler sur votre transat pendant une chaude soirée d'été.
Alors au final, que retenir de ce quinzième album de Depeche mode ? Et bien, malgré des premières écoutes peu concluantes, il tient très bien la route. Exception faite des répétitifs "My favorite stranger" et "People are good", cet opus vaut la peine d'être écouté en boucle. Depeche mode signe ici de nouveaux classiques ("Ghosts again", "Wagging tongue") et nous envoie des frissons comme rarement auparavant ("Soul with me", "Speak to me" et "Never let me go" dans lequel Dave Gahan entre en transe comme il le faisait il y a 20 ans). À mes yeux, le duo pourrait s'arrêter là : cet album, touchant et solide, ferait une belle conclusion à leurs 43 ans de carrière.
Créée
le 15 avr. 2023
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le 29 mars 2023
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Bon on en a jamais marre d'écouter enjoy the silence ou pleins d'autres qui nous regalent toujours nos oreilles. Deja, super bonne nouvelle l'album se tient entier , rien a jeter. Toujours un côté...
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