Memories in My Head (EP) par Benoit Baylé
Voici maintenant dix ans que le quatuor polonais officie sur la scène progressive nostalgique. Une décennie, c'est le temps qu'il leur aura fallu pour se trouver une agréable place d'outsider parmi les plus grandes formations estampillées metal progressif qu'incarnent Dream Theater, Porcupine Tree et autres Opeth. Tout en s'éloignant des prédominantes atmosphères floydiennes des débuts, Riverside engage peu à peu un rapprochement plus prononcé vers des mélodies dirigées et déterminées par la voix singulière de Mariusz Duda, l'excellent chanteur, bassiste et leader du groupe. Appuyant ses parties vocales de lignes de basse endiablées, il atteste, avec par exemple "Driven To Destruction", "The Same River" ou "Second Live Syndrome", que l'identité grapillée par son groupe au sein de la communauté n'a rien d'une usurpation.
Si le rock progressif de Riverside reste avant tout nostalgique, il demeure plus légitime et attrayant que celui de Dream Theater, s'en démarquant par ses envolées lyriques jamais trop technicistes, par sa cohérence globale et surtout par ses lignes de chant, loin des gueulantes Labriesques... Après un Anno Domini High Definition abouti, les polonais produisent en 2011 un EP de trois titres, chacun avoisinnant les dix minutes : Memories Of My Head.
Le premier problème à relever dès les premières notes de l'EP est aujourd'hui récurrent et d'actualité à chaque nouvelle production du groupe : qu'il s'agisse du son, de la production et des compositions, aucune avancée notable n'est à déceler. A considérer comme un gigantesque bloc homogène, la discographie de Riverside ajoute avec Memories Of My Head une nouvelle galette sans surprise, pas plus bigarrée que deux albums d'AC/DC. "Living In The Past" pourrait être issue de Second Life Syndrome, "Forgotten Land" d'Anno High Domini Definition, et inversement.
Ce manque d'originalité au sein même de leur propre oeuvre n'empêchent pas Duda et sa bande d'offrir à leur public des compositions dont la qualité ne se dément pas. Le problème de la consistance semblait avoir été plus ou moins réglé avec ADHD, pourtant il est une nouvelle fois de bon ton de leur reprocher une carence en mélodies mémorables. Néanmoins, écouter Riverside en 2011 reste très agréable. A Mariusz Duda, Piotr Grudziński, Piotr Kozieradzki et Michał Łapaj de se trouver une autre ligne de conduite tendant plus vers la création que la nostalgie.