Anne-Sophie Mutter n'est pas une virtuose et gardez-vous bien de lui attribuer ce titre. Car oui, le terme a mal vieilli et est aujourd'hui pour un musicien laid comme une insulte.
C'est une musicienne. Une GRANDE musicienne qui engage son âme quand elle joue. Que ce soit dans cet album ou un autre.
Ce n'est pas tant cet album qu'Anne-Sophie Mutter elle-même que je vais juger ici et une fois n'est pas coutumes je ne peux pas éviter d'évoquer mon rapport à la musique.
J'ai commencé à pratiquer la guitare classique très tardivement. À l'âge de 15 ans. Mais j'etais plutot doué. Non pas que j'avais un quelquonc talent inné mais la musique était mon obsession. Ma vie se resumait à une mélodie et à des enchaînements de notes. Au bout des doigts comme au coin de l'oreille. J'ai rapidement finit par comprendre la musique classique. Du moins je le croyais avant de rencontrer Anne-Sophie Mutter et son interpretation de Mendelssohn (Concerto in E minor, opus 64).
Imaginez. Vous avez vecu musique classique chaque seconde de chaque jour et fini par croire que vous la compreniez. Puis dans le deuxième mouvement de ce concerto et en si peu de seconde, par un ritardando sublime mais tellement osé et qui change TOUT de cette oeuvre dont vous connaissiez si bien les notes, Anne-Sophie Mutter vous dit "non, tu n'y connais rien !".
C'est à ce moment que j'ai entrevu l'immensité de son talent et qu'a commencé comme une seconde vie pour moi. Avant d'entrer et de débuter mon troisième cycle au conservatoire, à 20 ans. Lieu magnifique mais qui à cause d'un retard avait perdu tout son aura et sa splendeur.
La musique n'a plus jamais été la même pour moi.
À écouter encore et encore !