Quel plaisir et quelle surprise de retrouver le célèbre et incontournable Christopher Lee alias Dracula, alias Saroumane, alias Dooku, alias Sherlock et Mycoft Holmes, alias Scaramanga l'homme au pistolet d'or, dans un registre musical, polyglotte et chevaleresque!
Car celui qui fait rêver des générations de cinéphiles, de geeks, de lettrés, celui qui a joué et lu les plus grands textes de la culture pop à la culture humaniste (le Corbeau de Poe) a décidé de faire passer son message à toutes les générations déprimées et aigries, se méprisant et se divisant, dans un monde de désillusion: Oui, c'est moi, Dom Quichotte, Seigneur de la Mancha, pour toujours au service de l'honneur! Oui, c'est moi qui affronte les taureaux dans l'arène et en français encore! Oui, ce que j'ai fais, je fais et je ferai, je le fais à ma manière, selon mon code!
Et ce code quel est-il? Celui du chevalier errant qui accepte de paraître ridicule pour certains, magnifique pour d'autres en reprenant l'opéra, l'opérette et la chanson populaire pour en faire des souffles épiques aux tons métalleux . Celui qui est prêt à se battre, à prendre le taureau par les cornes pour faire accepter la culture de toujours (chevalier) avec la culture d'aujourd'hui (le métal).
Christopher Lee réussit son pari chantant aussi bien en anglais qu'en français, faisant passer ce souffle épique, cet air de geste médiéval. Le summum est la participation de Rhapsody of Fire, ses vieux complices - quoi que ses cadets - pour une réinterprétation plus qu'originale de I, Dom Quichotte.
Ce mélange voulu fait mouche mais peut aussi laisser pantois ceux et celles qui n'apprécieraient pas l'écart artistique ambitieux tenté par l'interprète du Prince des Ténèbres.
Alors, en garde, alors, alors!