L’annonce du nouvel opus des empereurs du trip hop, prévus pour 2016 (on parle d'un retour de Tricky le temps d'un titre) accompagné d'une tournée européenne m'a fortement donné envie d’écrire à leur sujet.
Dans cette critique, nous n'allons pas parler d'un album trip hop, nous allons parler de L'ALBUM trip hop par excellence, de la bible. Suite à deux excellents albums, le groupe sort son troisième opus en 1998 baptisé Mezzanine. Que dire de cet album …. ha oui c'est un réel chef d’œuvre !!
Commençons par la pochette, cette pochette est aussi mythique les deux galettes dormant paisiblement à l'intérieur. Magnifique pochette noire et blanche nous présentant un scarabée. C'est sobre, bien fait, efficace et assez représentatif de l'atmosphère de l'album. Petit moins pour l'édition que j'ai achetée (mon budget ne me permettant pas d’acheter l'original en état convenable, je me suis rabattu sur une réédition anglaise de Virgin records (leur label historique) de très bonne facture), la pochette ne s’ouvre pas comme un «livre» (a l'instar de The Wall des Floyd) permettant de bien séparer les deux disques et je trouve ça un peu dommage. Je ne sais pas si j'ai été très clair dans mes explications, mais j'espère m'être fais comprendre. Entendons nous biens, l’ensemble de l'édition que j'ai achetée reste extrêmement qualitative et je la recommande fortement (aucun défaut d'impression comme certaines pochettes de rééditions bas de gamme où l'image est floue, mal calibrée ou avec de fausses couleurs). La réédition reste accessible (une quarantaine d'euros) et sent bon la qualité avec ses deux galettes de 180 grammes.
«Ne confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée du bonheur ; le sombre accepte l'idée de grandeur» - Victor Hugo- Mezzanine est un album sombre, c'est un très grand et somptueux album !! Je tiens à souligner qu'une écoute analogique de cet album améliorera très grandement une expérience déjà très riche en numérique. Le minutieux travail de postproduction à l'origine de l'album est juste parfait (un des plus beau qu'il m'a été donné d'entendre), le mixage est excellent, donnant une place centrale aux profondes basses (qui ne tombent ni dans le vulgaire, ni dans la caricature). Les mélodies originales côtoient les divers samples très bien (re)travaillés et parfaitement mis en valeur. L'album s'ouvre sur la ténébreuse ligne de basse d'Angel, comme pour annoncer la couleur à l’auditeur. Angel c'est un peux le brin d'herbe qui cache le green de golf (j'avais envie de changer un peu la métaphore), c'est à l'image de l'album, c'est sublime !! Arrive ensuite très vite l'éblouissante et «tubesque» Teardrop au son plus léger qui permet de reprendre un peu son souffle, avant de remordre dans la suite de l'album pour arriver à Exchange, titre frais et planant nous invitant à l'évasion. La seconde partie de l'album est magistrale, on notera bien sur Man Next Door et sa puissant batterie (tirée de When The Levee Breaks version Led Zeppelin, illustrant fort bien l'influence du regretté John Bonham sur la musique urbaine) mais surtout l’hypnotisant Black Milk (mon gros coup de cœur de l'album) et son ensorcelant synthé (samplé du titre Tribute de Manfred Mann's Earth Band (merci who sampled)). L'album s'achève sur une version retravaillée et chantée d'Exchange déjà entendus plus tôt dans l'album. Finir un album tel que celui ci sur un titre aussi léger et calme, c'est un peu comme choisir un sorbet citron au lieux d'une forêt noire en dessert après un repas riche et fort copieux, c'est agréable.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que cet album est bourré d’excellents titres et que la postproduction «déchire sa maman» (désolé pour l'expression) !! c'est une véritable réussite sur tous les plans, de la recherche des samples, au mastering, en passant par le mixage, tout est maîtrisé à la perfection.
Pour conclure, je dirais que cet album c'est imposé comme un véritable classique. Il remplit à merveille sa lourde tâche d'album de référence du trip hop. C'est définitivement un album à mettre dans toutes les oreilles, du simple amateur, au féru mélomane, mais surtout aux plus curieux d'entre nous.