Si MGMT et Dave Friedmann n'avaient déjà pas eu la main légère sur la superposition et les sons synthétisés flashy dans le mésestimé Congratulations, les compositions les plus denses (kitsch ?) visaient toujours à habiller les mélodie d'une douce folie psychédélique (Flash Delirium) ou d'une mélancolie rêveuse (I found a whistle). N'ayant jamais caché leur volonté de s'éloigner de l'électropop accessible qui les a mis sur le devant de la scène, le groupe fait à mon avis un pas de trop vers la caricature, l'expérimentation stérile et paradoxalement la fadeur avec ce ' MGMT '.
Ça commençait pourtant de façon très honnête avec Alien Days, bizarre mais dans le bon sens du terme : bizarrement intéressante et planante. Probablement grâce à un joli équilibre entre mélodie et sonorités perchées face à une basse et un rythme confortable, bien qu'on soit loin de l'ambition et l'efficacité d'un Time to Pretend ou d'un It's Working. J'ai bien aimé la suivante également, expérimentation maîtrisée et surprenante qui prolonge un univers agréable mais un peu inquiétant sur les bords. Arrive ensuite Mystery Disease et là on se dit que ça va être un putain d'album : une rythmique accrocheuse, une ambiance qui aurait fait baver Syd Barett et un relais génial entre Andrew possédé et un bidouillage sonore qui l'est tout autant.
Malheureusement la magie s'estompe progressivement et l'inspiration du duo disparaît dans un vortex de complaisance. Introspection est un morceau banal un peu ennuyant qui ne laisse d'autre choix que de s'accrocher à son refrain. Your Life is a Lie ressemble à une démo répétitive (mais heureusement courte) à la production assez moche. Un choix de single douteux, surtout que le morceau bénéficie fortement du contexte de l'album. Suit A Good Sadness qui passe au mieux pour une face B d'Animal Collective et fatigue à la longue. Astro Mancy est un trip interminable dont j'ai du mal à saisir l'intérêt en studio (en live je dis pas), elle nécessite en tout cas une écoute attentive au casque pour en retirer quelque chose tant la production efface les dynamiques. Et dommage pour I love you to death qui aurait pu être acceptable si elle ne prolongeait pas un passage à vide de 20 minutes.
Dans ce trou noir étouffant, Plenty of Girls in the Sea est la bouée de sauvetage et ressuscite une pop psychédélique estivale laissée dans les tiroirs. Le morceau ne casse pas de briques mais nous rappelle que ces deux hipsters new-yorkais ont jadis dominé le planète avec des tubes originaux et bien écrits, au son souvent imité mais encore jamais égalé. Mais soyons de bonne foi, An Orphane of Fortune est sûrement le morceau final le plus glorieux du groupe et détonne un peu avec sa petite touche prog. Un des 3 morceaux qui m'ont vraiment plu, même si encore une fois on est loin de l'inspiration de Siberian Breaks et ça ne suffira pas à légitimer une écoute intégrale.
Dommage donc que le duo prenne cette voie là alors qu'ils avaient l'occasion de confirmer qu'ils étaient un des groupes de la scène digérant avec le plus de talent ses influences (écouter à ce sujet leur très bonne compil' dans la série des Late Night Tales). S'éloigner autant du rock et de la pop dans le milieu de l'album aurait demandé une ingéniosité et un raffinement qu'ils n'ont malheureusement pas encore. Au final je me retrouve, sans trop savoir quoi en penser, devant un disque singulier que j'aurais voulu aimer mais qui fait pâle figure devant tout ceux des poids lourds du genre.
3 ans pour ça, les gars ? Pas de félicitations pour cette fois...
PS: On note un rapport inversement proportionnel entre la qualité des albums et celle de leur pochette.