The tanned
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Michel Polnareff est le dernier bon disque de celui qui va : s'exiler aux USA pendant les décennies suivantes ; faire des albums en anglais dans l'indifférence générale logique ; se cloîtrer dans un palace parisien pour y faire pousser sa barbe au point de ressembler à Raspoutine (ou à l'homme en rouge) avant de se faire opérer d'une cataracte avancée ; devenir le meilleur pote de personnages douteux (Vincent Perrault, Christophe Rocancourt etc...) jouer à l'arlésienne ; se faire pigeonner par une jeunette intéressée par son pognon ; revenir jouer sur notre nostalgie avec une tournée ; s'afficher à l'élection de Sarkozy, et se faire spammer sur Twitter par des puceaux débiles légers fans de Jojo Bizarre adventure, tout ça pour sortir un album décevant, forcément décevant "Enfin !".
Avant tout cela et jusqu'à ce disque, Polnareff était un génie. Littéralement. Le seul français avec Gainsbourg capable de regarder dans les yeux la Ligue A anglosaxonne du song-writing. Et dans les années 60, cela avait une certaine signification. Musicien insolent, voix d'ange, goût pour les jeux de mot foireux (passion partagée avec Dutronc et... Gainsbourg et de ce fait marqueur fiable de francité géniale). Polnareff sort de débuts fracassants (Love me please love me), d'une confirmation exceptionnelle (le Bal des lazes), et même d'une tentative blues pop baroque expérimentale (Polnareff's). A côté de ça, il pond des singles grandioses ("âme caline") et des face-B non moins splendides ("le saule pleureur"), et même des B.O de film (la Folie des grandeurs).
Il enregistre cet album alors qu'il se trouve au beau milieu de ses problèmes financiers. Son comptable s'étant barré avec la caisse, il a accumulé de grosses dettes vis-à-vis du Trésor public. Accaparé par ces soucis, il est moins présent à la production et ne signe aucun texte, il délègue à Pierre Grosz et J-L Dabadie.
Album dévalué par les fans à l'époque, il s'avère au final mieux écrit et plus équilibré que le précédent très en dents de scie. Pierre Grosz signe quelques grands textes comme "le Prince en otage", titre qui justifie à lui seul la découverte de l'album, un trésor caché de sa discographie : "Quand mon esprit est comme un jour d'orage, Quand la vie me prend à la gorge, Quand je m'ennuie quand je suis comme un prince en otage, Que ne vient réclamer personne" sertie d'une mélodie qui n'a rien à envier aux standards écoutables chez CSN&Y. L'album débute avec le narquois "La fille qui rêve de moi", où Polnareff assume son statut de gros chacal, capable de niquer les mères de toutes celles qui seraient tentées de lui passer la bague au doigt.
La jolie et courte ballade, "Rosy", trahit une nouvelle fois sa passion nostalgique pour les liaisons tarifées, des putes qui deviennent des princesses, et s'amuse du fait que la frontière est décidément tenue entre les deux conditions. "La vie, la vie m'a quitté" ne brille pas par la qualité de son texte, mais par son chant magnifique et sa simplicité. "Le grand chapiteau" ouvre un temps faible de l'album. Ça voudrait peut-être taper du côté de "Benefit for Mister Kitt" des Beatles, cette ambiance de cirque ne marche pas trop, et on passe rapido à la prochaine plage qui semble nudiste. "Il est gros", annonce le virage graveleux de Michel, celui des métaphores sur sa bite. On approche pas du ridicule de "Cigare à moteur", mais quand même. Il y a peu il tressait des balades élisabéthaines pleines de pudeur, et il se vautre déjà dans les textes à la Patrick Sebastien.
Heureusement il se rattrape avec "I love you because" de Dabadie. Chanson d'amour très 70's qui dépeint une liaison avec une nana jeune et pas chiante, un profil qui pourrait bien ulcérer les sensitive readers actuels, mais pour les autres c'est quand même une belle balade à la guitare qui rappelle même par moment "As tears go by" des Stones.
"Tibili", chanson rikiki qui joue à nouveau la carte de la métaphore sexuelle, - les deux genres ont été servis - qui laisse place rapidement à la magnifique clôture de "l'Homme qui pleurait des larmes de verre". Un hymne au piano qui constitue un des sommets de la carrière de Michou.
Et la pochette rend fou, un oiseau de nuit étudié pour faire enrager ce qu'on appelle pas encore les haters. Les imperméables au glam rock, ceux qui le traitent de P.D dans la rue, et qui doivent certainement préférer Johnny ou ce gros con de Gilbert Becaud.
Après ça, Michel ne reviendra que pour le pire. Raison de plus pour chérir ce disque.
Créée
le 12 déc. 2020
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