Midcity est le coup d'envoi du trio, une mixtape torturée par des sons tout droit sortis de l'enfer : l'intro vous met à terre dès le début, "It's clipping. bitch." suivi d'un son plus que glitché qui serait presque capable de dominer n'importe quelle musique expérimentale du même genre.
Diggs pose un flow sans beat, et pourtant on sent qu'il maîtrise totalement chacun de ses mots, c'est le plus perturbant dans ce morceau : on n'a aucun repère pour suivre le flow ou le rythme alors que le trio sait exactement ce qu'il fait. Et lorsque clipping. veut faire mal, il ne prévient pas, après un premier couplet assez agressif, un glitch totalement saturé est à nouveau balancé et l'album peut commencer.
Loud se révèle être un morceau ironiquement "gangsta" mais la touche clipping. le met totalement en marge du rap de ce genre. Les percussions sont difficiles à percevoir, c'est pour cela qu'on se fie au flow de Diggs pour suivre le rythme, car c'est bien la dernière chose d'humaine dans la musique du groupe... Et encore les refrains comme sur Bout That avec cette voix modifiée nous arrachent de tout repère musical.
Pour autant, le trio garde quelques "règles" de base d'un album hip-hop, comme par exemple des collaborations (Get It ou Killer pour Kill Rogers) très bien pensées. Autre exemple ? On trouve des morceaux plus reposants, avec du chant (Bullshit), un petit rituel classique dans les albums de hip-hop. Hutson et Snipes laissent même parfois leur savoir-faire prendre le dessus, pour partir dans l'expérimental le plus total sur des interludes nommées "skits".
Finalement Midcity allie des démarches très identifiables du rap conventionnel avec une production à mi-chemin entre le génie et l'inécoutable. Un choix totalement assumé qui m'a énormément plu. Oserez-vous écouter l'outro entièrement ?
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