Après un "Bleu Noir" plus que décevant et un best of trahissant largement une perte de crédibilité artistique, Mylène Farmer, l’une de mes anciennes idoles, remettait quand même le couvert fin 2012 avec un nouvel opus, "Monkey Me". Autant dire que pour effacer l’amertume du précédent ("N’aie plus d’amertume", qu’elle disait…), il aurait fallu frapper un grand coup, se remettre totalement en question en évitant de nous resservir les sonorités putassières qui polluent ses chansons depuis "Point de Suture". Evidemment, elle ne l’a pas fait, mais le retour du come-back de Boutonnat était censé rassurer... Tu parles ! Si Red One avait clairement la tête dans la cuvette des chiottes, Boutonnat, penché au-dessus, semble ici s’y agripper en se demandant si lui aussi ne va pas y plonger. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour s’attirer les faveurs des – très – nombreux fans de Lady Gaga !
En effet, si le titre de l’album, nous dit-on, est à la fois un clin d’œil à l’animal de compagnie de la chanteuse et une façon pour Farmer d’expliquer qu’elle livre une autre facette de sa personnalité, on ne pourra s’empêcher d’y voir, avec une certaine ironie, un aveu déguisé : cette autre facette ressemble à s’y méprendre à un clone de la superstar américaine, qu’elle "singe" sans subtilité. Sur "Nuit d’hiver", la fausse Mylène remixe un morceau de la vraie, datant de son tout premier disque ("Chloë"), comme pour dire aux anciens fans qu’elle ne les a pas oublié. Alors c’est sympa, le titre est bon sans être très excitant non plus, mais il en aurait fallu bien plus pour convaincre ceux qui ont lâché l’affaire ces dernières années.
Comme je le soulignais plus haut, si les textes de Mylène Farmer restent de qualité (ce qui explique en partie mon appréciation indulgente), son complice de toujours, sans doute dans un mauvais trip, a concocté des compos dans l’ensemble peu ragoûtantes, mêlant techno grossière et prod’ kitsch. Les journaux ont beaucoup parlé de "sonorités des années 80 et 90" : bien que ce soit assez difficile à définir, je penche davantage pour la seconde solution, mais quoi qu’il en soit, le résultat est souvent horrible, et en ciblant cette décennie-là il ne pouvait guère en être autrement. Désolé, mais les sonorités dance des années 90 sont une calamité sans nom qu’il conviendrait de laisser pourrir dans la poubelle où elles avaient été jetées.
Le gros problème de "Monkey Me", c’est que quelque soit le morceau (à de rares exceptions près, comme la sublime "Je te dis tout"), il y aura toujours une sonorité technoïde douteuse pour venir le gâcher, malgré son potentiel. Pas de miracle, ce qui était déjà irritant sur "Bleu Noir" ne passera pas mieux deux ans plus tard, alors inutile d’insister ! Quand ce n’est pas la profusion de beats bourrins et dispensables ("Tu ne le dis pas", "Ici bas"), ce sont les synthés cheap ("A l’ombre", "Love dance", "J’ai essayé de vivre…", "A-t-on jamais"), les bridges incongrus ("Monkey me", "Quand" ) ou les effets de voix pas top (j’espère sincèrement que ce n’est pas de l’autotune sur "A force de…" ). Sachant qu’évidemment, certaines de ces chansons combinent les défauts précités. Franchement, à la fin de ma première écoute, j’étais à deux doigts de prendre un Doliprane.
Et depuis ? Eh bien, figurez-vous que dans les bons jours, ça passe mieux. On aurait pu croire à un naufrage comme pour "Bleu Noir", mais le niveau est quand même remonté d’un cran. Pour être tout à fait honnête, une poignée de morceaux s’avèrent assez écoutables lorsque les bidouillages électroniques ne sont pas trop flagrants. Mylène, laisse Lady Gaga où elle est, c’est pas bien de copier… La preuve !