4 titres à retenir dont une reprise, ce qui donne un bilan assez mitigé pour que la déception hésite
Première remarque face à cet album : le titre est débile. Je déteste quand les français font des jeux de mots anglais qui ne veulent rien dire… Pas grand-chose à commenter sur le visuel, le précédent était laid, l’autre essayait de surfer très malheureusement sur la vague Japon/Corée, et celui-là ne me semble pas pire qu’Avant que l’ombre… mais pas mieux non plus.
Au final, cette réflexion s’applique à tout le contenu. Pas violemment pire que le premier album du déclin, mais quand même moins bien. Il s’écoute, c’est déjà pas mal.
L’album s’ouvre sur un premier titre qui donne vraiment envie, Elle a dit. La voix est à nouveau correcte, la musique séduira facilement les premiers fans. Les paroles ne sont pas folles mais passent bien (mis à part le regrettable vers de fin « Elle se sent au bord du rebord ». J’ai cru à une erreur en lisant les paroles sur internet, naïve que je suis).
Ensuite, vient l’ennui. On écoute les chansons jusqu’au bout, puisque l’air passe bien, mais tout se ressemble assez et fait penser à du « avant » en trop mâché. Mylène reprend les thèmes qui ont fait son succès, des paroles sombres qui parlent d’ombre, de nuit, de mort, de folie, de solitude et d’abandon, mais le cœur n’y est pas. On sent qu’elle essaye d’aller là où le public l’attend, après une chute navrante dans la mièvrerie. En fond, la musique, trop joyeuse, dénote avec la plupart des textes. Quelque chose ne va pas, ça se danse, ça se chante, l’âme d’une véritable création est absente. Si on quitte la parodie qu’étaient les deux précédent albums, nous n’obtenons qu’une pâle copie de ce qui fut, un genre d’opus sur commande pour continuer à exister. Quelques intros sont particulièrement ratées, comme celle d’A l’ombre ou de Tu ne le dis pas. Monkey me, la chanson éponyme est assez ridicule à cause de son jeu de mot. Le ton désinvolte et la tension vers la schizophrénie auraient pourtant pu donner quelque chose d’amusant, mais le refrain ne prend pas, on s’ennuie vite à trop l’entendre. Dans le genre « titre qui aurait pu… » je retiens aussi A force de… qui essaye de ressusciter de la synthpop très années 90 avec une voix inécoutable à force d’être trafiquée dans les couplets. Dommage.
Mylène devrait aussi renoncer une fois pour toutes avec les ‘chansons coquines’. Oui, les fans se souviennent avec plaisir de Libertine ou Pourvu qu’elles soient douces… Il y avait un rythme, un texte délicieusement effronté. Quand il faut absolument caser un titre érotique pour rappeler que même à plus de cinquante ans on a les dessous en feu avec des paroles telles que Love Dance / Won’t let me go ! / La la la la la / Lupo lupo / Mon meli melo / Meli melo / La la la la la… par pitié, il faut cesser le massacre.
Concernant les paroles, on reste dans « l’œuvre de commande » avec une chanteuse qui n’a plus grand-chose à dire. Les rimes sont pauvres, la plupart des vers ne font pas plus de deux à trois mots, cela sans aucunes références ; je préfère ceci dit des textes simples aux tentatives forcées de faire du cultivé dans des textes hors de propos (beaux exemples à chercher dans Point de Suture). Et, parfois, il faut reconnaître que cette simplicité fonctionne bien : sur la dernière ballade, qui clos l’album presque aussi bien qu’il a commence (l’emballage n’est pas raté) et Ici-bas qui m’a bien accroché avec une voix plus grave et une diction vraiment entraînante.
Finalement, quand on écoute la reprise de Chloé, son fond musical teinté d’inquiétude, on se dit que l’album qu’on attendait aurait dû suivre cette veine-là… sans doute pas assez vendeur pour les radios, et pour le fantôme d’une artiste qui ne veut visiblement plus prendre aucun risque.
Je me demande toujours pourquoi elle continue. L’argent ? J’aimerais éviter le cynisme, mais l’écoute de l’album ne me détache pas de ce sentiment.
Pour conclure, 4 titres à retenir dont une reprise, ce qui donne un bilan assez mitigé pour que la déception hésite, même si les chansons ne laisseront pas leur empreinte très longtemps. On sent le retour de Boutonnat, la volonté de se montrer un peu plus à la hauteur des attentes du public et d’arrêter les dégâts. Ce n’est pas encore ça mais il y a du mieux !
http://unityeiden.fr.nf/detours-musicaux/