Que ce soit pour l'adepte de sons extrêmes ou l'auditeur curieux en quête de styles ésotériques, les mêmes questions reviennent souvent à l'écoute d'un album de Drone Doom Metal : Peut-on réellement apprécier ces bourdonnements lugubres qui s'éternisent sur des dizaines de minutes ? N'est-ce pas plutôt un art que l'on subit, à défaut de le comprendre ? Est-ce une chose que n'importe quel guignol avec un ampli crasseux peut reproduire en grattant une corde tous les quarts d'heure ?
En abordant ce sujet sensible, impossible de laisser de côté ses plus éminents représentants : Sunn O))), c'est à dire deux mecs qui jouent sur scène fringués comme des nazguls et qui sont à la tête d'une longue discographie assez inaccessible. Mais en 2009, nos deux compères ont mis tout le monde d'accord en collaborant avec un véritable orchestre, puis en accouchant d'une véritable petite perle de noirceur : Monoliths & Dimensions.
Je n'irai surement pas jusqu'à dire que c'est à la portée de n'importe qui, mais cet album est incroyablement accessible par rapport aux autres faits d'armes des Américains. On reconnait bien leur style mais il y a quelque chose en plus, une sorte de petite lumière qui se tapit au fond de la brume.
"Agharta" ouvre le bal de manière classique mais annonce la couleur : des violons dégueulasses, des guitares dissonantes et la voix de viking d'Attila Csihar pour bien foutre les jetons. D'ailleurs, tout est une histoire de peur dans cet album. Mais c'est une belle peur, une peur tout à fait noble, comme en témoignent les chœurs de "Big Church" et les grésillements de "Hunting & Gathering".
Puis vient "Alice".
Tout la peur contenue jusque là s'évanouit et laisse place à un parfait sentiment de bien-être. Les guitares se font intermittentes et s'effacent au profit de l'orchestre pour procéder à une montée en puissance de toute beauté. Les cinq dernières minutes de l'album anesthésient le corps et l'esprit et démontrent la parfaite harmonie entre la présence de nos deux nazguls et de l'orchestre qui les accompagne.
A ce moment-là, ils ne collaborent plus. Ils fusionnent.