Autour, les Ténèbres
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le 5 avr. 2022
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Metal extrême + gore et zombie ? Vous me répondrez tout de go Cannibal Corpse et Mortician.
Chose amusante à constater, c'est l'évidence qu'ont ces deux légendes de la mort à aussi bien se compléter qu'à se différencier et que le parallèle entre musique et thématique est tout aussi intéressant à disséquer : Là ou les bouchers de Floride priment l'efficacité, le savoir-faire et le son Morrisound Studios sur le feeling, les new-yorkais de Mortician délaissent ce côté de leur musique pour faire un grand point d'honneur sur les ambiances et l'atmosphère de film gore amateur. En gros, et ça parlera plus aux cinéphiles de bon goût.
Vu qu'il s'agit du premier pressage en format CD du groupe, il serait pertinent de s'arrêter un peu sur la genèse du groupe : Deux fans de death metal et de grind, Will Rahmer et Matt Sicher, décident de fonder leur groupe pour montrer au reste du monde que eux, ils aiment le vrai metal gouleyant qui pue le cadavre. En gros un metal aussi primaire que direct. Décembre 1989, après avoir porté pendant quelques mois le patronyme de Grindcore Casket, le groupe est rebaptisé Mortician en hommage au film « Phantasm ». Puis sort sa première démo enregistrée lors de répétitions pour démarcher les labels. Mais c'est en 1990, avec l'aide du guitariste John MacEntee d'Incantation que le groupe va commencer à vraiment décoller. 600 exemplaires de leur seconde demo va faire le tour de la planète metal, et leur premier EP Brutally Mutilated commence à faire du bruit. Will Rahmer, avait d'ailleurs fondé en 1987 la New-York Death Militia, un club qui aidait au développement de la scène death de la Grande Pomme.
Cette compilation qui est perçue par certains comme le premier album du groupe, est intéressante ; Nous avons un aperçu de la première période du groupe au moment où il commençait à trouver son chemin, où il se sortait des galères inhérentes à tout jeune groupe et au moment où il se constituait son identité. Sans compter le fait que le batteur qui officiait, Matt Sicher, est viré du groupe suite à son addiction pour les drogues dures et mourra d'une overdose en 1992. C'est ainsi le seul enregistrement longue durée de Mortician avec une vraie batterie du début à la fin, le groupe étant devenu largement plus célèbre pour son utilisation massive et complètement mongoloïde de la boite à rythmes par la suite. A juste titre, Mortal Massacre n'apparait pas comme un album, ni même une réelle compilation de leur carrière mais bien comme un document de cette époque charnière.
L'enregistrement débute donc par le premier le premier EP du groupe : Mortal Massacre. Très justement placé en tête de la tracklist, le groupe dévoile enfin après 2 années d'efforts à répéter son plein potentiel ; Une introduction de presque trois minutes, du sampling en veux-tu-en-voilà, tout le catalogue des films d'horreur des années 70 et 80 y passent, presque à chaque titre. Une méthode influencée par le groupe Impetigo et qui deviendra la marque de fabrique du groupe. Déjà, on peut voir à quel point le son est un élément important de la musique de Mortician : bas, très bas, grave et aussi graisseux qu'une marmite de gigot à la mayonnaise périmée... On peut sans peine imaginer Roger Beaujard manier une guitare dont les cordes seraient des câbles électriques. On peut aussi noter cette batterie placée en retrait lors du mixage. Son rôle est plus celui d'un apport aux cordes emportées par ce groove cadavérique et ce son complètement cryptique, plus qu'un véritable instrument à part entière. Elle va d'ailleurs à toute allure sans se soucier des victimes au passage, notamment sur le titre phare "Mortician". Cette production donne l'impression par rapport aux enregistrements antérieurs de Mortician d'être plus synthétique, plus sous l'emprise des distorsions et réverbérations d'un mixage que l'on imagine sans mal être sous narcotiques, identité que l'on retrouvera dans chaque production de leur cru. Et La voix de Rahmer... Argh ! Plus primaire qu'un attardé mental sous amphétamines et aussi grave que les cris d'un zombie que l'on passe à la broyeuse... Elle se marrie d'ailleurs très bien aux guitares et au feeling particulièrement malsain. Mortician est vraiment né, de l'horreur, des morts-vivants, de l'hyper-violence bisseuse. Du groove frénétique et du blast. On sent néanmoins que la maîtrise n'est pas encore là mais cela reste un moment plus que sympathique. Fin de l'acte premier, j'ouvre une bière.
En deuxième partie, la demo Brutally Mutilated, véritable premier enregistrement de Mortician ; Dans les structures, le style à mi-chemin entre le death metal cadavérique et le grindgore , très similaire à Mortal Massacre. Des titres courts qui mélangent dans une infâme mixture Carcass et des zombies, avec des breaks en mid-tempo salvateurs de boucherie, qui font la part belle aux guitares déjà bien atteintes du gras caractéristique du trio, laissant apprécier sa profondeur auditive. Pourtant, c'est déjà un style assez différent : la batterie reste parfaitement audible, avec un son mat, son mixage ne la reléguant pas encore dans le champ extrémiste de la boite synthétique à concassage. Cela reste néanmoins très appréciable, Matt Sicher restant un batteur aussi virulent qu'un cannibale texan. On ne peut pas encore parler du groupe de death metal le plus extrême de la planète comme on allait le dire par la suite, surtout qu'il y avait bien pire à cette époque. Mais la volonté était déjà là, les ambiances mettent l'accent sur le côté horrifique et cela fonctionne déjà à merveille.
Enfin, on en vient à la dernière partie, et là, c'est le pack qu'il vous faut. Pas moins de deux sessions live vous sont offertes, avec deux batteurs différents, dont Matt Sicher pour le live de 1990 à Buffalo, et un autre pour celui de Détroit en 1992, avecGeorge Torres (qui officia pour Skinless) et Kyle Powell d'Engorge. On s'en fout royalement pour la bonne raison que pas grand chose, pour ne pas dire rien, ne distingue les deux enregistrements. On a donc une version live des morceaux de la demo et du EP qui reviennent pour certains deux fois. Une version très raw de la demo Mortal Massacre avec un rendu qui ne révèle pas très bien la présence scénique du groupe. Ok, cette cacophonie peut avoir un charme, les guitares ont l'avantage d'être bien sales, la voix grave, la batterie bien centrée... Mais le son souffre de l'inconvénient très handicapant de donner l'impression de distance, comme d'un fossé. Peu intéressant au final, dommage car Mortician n'est pas le groupe type qui passe sa vie sur les tournées, c'est le moins que l'on puisse dire...
Il est bien bonnard quand même ce disque de Mortician et même que c'est le panard. Pourtant, je me surprend moi-même à lui coller une note entre deux eaux car le Mortician que j'aime, il est jusqu'au-boutiste, mongol et extrême, bourré de samples qui satisfait chaque horror maniac. Un ensemble loin d'être organique et le décalage chronologique entre chaque enregistrement ne permettent pas de prendre véritablement pied dans leur univers car c'est une compilation après tout. En définitive, un glaviot de sang depuis longtemps séché à réserver aux fans die hard, un document historique de la New York Death Militia et l'occasion d'écouter son groupe (préféré bien sûr) en live, avant que ne sorte Zombie Massacre Live.
Créée
le 19 avr. 2021
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