Pour son nouvel album, Kery James comptait casser des têtes et scandaliser les médias avec des morceaux ultra agressifs, efficaces et polémiques comme Mouhammad Alix, Racailles et dernièrement Musique Nègre. Des morceaux réussis et modernes qui ont égaillé ma curiosité pour aller écouter l’album.
Déception devant ce concentré de Kery James c’est-à-dire un album très inégal où l’on sent que le rappeur ne sait jamais vraiment où aller. Aux trois morceaux évoqués plus haut s’ajoutent divers morceaux relativement réussis où la plume de Kery se marie bien avec les sonorités trap. Mais pour le reste…
La moitié de l’album est composée de chansons kitchissimes qui sonnent comme des réminiscences de l’époque honnie des refrains de Zaho ou de n’importe quelle starlette R’N’B française. On sent que Kery veut se ménager un petit espace intime pour ses concerts où il pourra éteindre les lumières, chanter accompagné de S Petit Nico au piano et taper des mains avec son chœur de gospel, tel un Aznavour du ghetto.
Le problème de Kery c’est ce complexe qui le fait se prendre pour ce qu’il n’est pas. A l’instar du poussif Youssoupha, l’autoproclamé poète noir rêve de la reconnaissance littéraire de sa plume. Force est pourtant de constater qu’au fil des années, ce qu’on pouvait considérer comme une louable tentative d’élever le niveau artistique du rap conscient, devient encore une fois un fourvoiement dans la niaiserie et les clichés qui lui ont toujours causé du tort.