C'est drôle, quand j'ai refermé le livre, j'ai souri à ma naïveté après mon retour de Rome. J'avais décidé d'acheter un livre sur l'histoire de la ville empire que j'avais lâché au bout de 30 pages d'une succession de noms et de dates sans aucun relief. Grâce à Mémoire d'Hadrien, mieux qu'en apprendre plus sur l'histoire des Romains, j'ai eu l'impression d'avoir cheminé au quatre coins de l'Empire avec l'un des plus illustres d'entre eux.
Ce livre est fascinant dans la façon qu'il a de nous faire oublier qu'il n'est pas une autobiographie. Marguerite Yourcenar doit avoir une connaissance intime de l'être humain pour parvenir à une telle maîtrise de la psychologie d'un homme mort des siècles avant elle et dont si peu d'écrits doivent subsister. Quel homme que cet Hadrien, on en vient à espérer qu'il fut ainsi (et de toute façon personne ne nous persuadera jamais du contraire). Son émouvante introspection, sa vraisemblance et son universalité, bouleverse par les similitudes qu'elle partage avec nos propres doutes.
Enfin, grâce à l'érudition et la plume de l'auteur, on y découvre la subtilité et le raffinement de la culture romaine. Bien loin de ce qui domine dans notre imaginaire culturel, les gladiateurs et les conquêtes sanglantes, M. Yourcenar dépeint un empereur sensible à l'amour et responsable face à ses devoirs. Hanté par ses drames personnels, et la mort de son amant, on y découvre un homme lucide, sur l'héritage qu'il laissera et son pressentiment à propos de Rome, son apogée, sa chute et sa postérité dans l'histoire Universelle.