La racine carré du fromage est donc 6.

Après 2 albums conquérant, il est de retour.
Stromae, le chanteur belge plus attendu qu'un titre des Diables Rouges, sort Multitude.
Un 12 pistes aux multiples influences, tentant non sans effort de nous faire danser aux rythmes du monde. Mais alors, "on danse ?"
Pas tellement. Ca bouge la nuque, à la rigueur ça tangue l'épaule, mais c'est loin de faire "la fête". Mais, est ce grave ?
Pas tellement. Ce qui est à la rigueur plus embêtant c'est que d'un point de vue musical, les titres s'enchaînent et le sentiment se rapproche plus d'un "tous les mêmes" que du "multitude". Sur le papier, les influences mondiales était un joli choix, c'est bien produit, c'est rythmé et agréable, mais ça manque de cohérence, d'un fil rouge, et surtout d'efficacité. Mais est ce si important d'être efficace ?
Pas tellement. Sauf peut être lorsque l'on en fait ça marque de fabrique ? Faire moins efficace est sans doute un parti prix de la part du célèbre "chef d'orchestre", pour lequel chacun jugera selon ses gouts.
Cependant la question de l'originalité et de l'expérimentation sonore se pose. Stromae a toujours était d'une grande influence dans les productions pop et rap actuelles, au moins dans les pays francophones, et ça passe par une réécriture des sonorités dites "du moment". Sur cette nouvel album, les couleurs et les ambiances sont nombreuses, mais loin de redessiner le paysage musical. Plus "imitation" qu' "invention". Appropriation ? Je laisse en décider.

Barre à tribord, nouvelle perspective, et zoom sur le fond.

Dans cet album on passe de l'amour au manque d'amour et de la santé à la mauvaise santé. Une ambivalence recherché et réussi. On passe sur des thèmes plus féministes, d'autres plus liés aux conforts, à la réussite. Des thèmes sociaux dans lesquels le bourgeois s'y retrouve autant que le prolo, ou la ménagère se sent autant touché que le manager. Elle est là la force du maestro, RASSEMBLER. Ca l'a toujours était, Stromae sait parler aux peuples et nos dirigeants devraient surement prendre exemple.

Parler de ces expériences, de ce que l'on connait et de ce que l'on pense que les autres vivent en se mettant à leur place est un prisme assez intéressant, et pour ça, l'album se débrouille très bien. Ce que je trouve cependant plus regrettable c'est peut être un manque "d'universalité" et de dénonciation, de direction même. Le Paulo est un garçon futé, politisé, et que je pense conscient de sa place médiatique mais le Paulo a du mal à prendre la parole sur les désordres de notre monde. Peut être ne sent il pas légitime ? Peut être que ce n'était pas l'heure venue ? Peut être a t'il peur de diviser et de ne plus rassembler ? Je ne sais, mais lorsque on a un pouvoir de cohésion et le talent pour être autant écouté, par autant de p'tits gens, l'envie d'entendre parler de sujets plus profonds se fait ressentir. "Quand c'est, quand c'est? Quand est-ce que tu y penses?"

En résumé, Multitude vaut tout de même le coup d'être écouté et réécouté, mais on est loin de l'album "formidable" tant espéré. D'ailleurs, c'est peut être ça le problème : avoir trop espéré ?