Axe est le genre typique de groupe oublié par le temps, qui malgré tout a de quoi s'offrir une nouvelle jeunesse grâce à internet. Un unique album enregistré en 1969, ainsi qu'un live la même année. A l'époque, l'album n'a été pressé qu'à un nombre très limité d'acétates - "douze" exemplaires seulement. Le live, quant à lui, n'est constitué que de reprises.
L'album a fait l'object d'une réedition dans les années 90 par le label "Kissing Spell", malheureusement peu semblable à l'original : les morceaux ont été remixés à l'aide d'ajout d'echo et d'effets sur la guitare. Heureusement, une réedition cette fois-ci conforme a vu le jour en 2012, le nom ayant été changé en Crystalline pour l'occasion. Complétée par un insert, cette réedition constitue un beau témoignage de ce qu'à pu être le groupe à l'époque. On y trouve ainsi une biographie du groupe, une interview de Tony Badford (membre original), le récapitulatif des différents line-up au cours du temps, des annotations sur les morceaux, ainsi que des revues de presse sur les prestations scéniques d'Axe / Crystalline.
Cet album mystérieux nous permet alors de replonger tout droit dans les magistrales années du psychédélisme plus ou moins underground. Une chanteuse à voix stéréotypée folk 60's (à mi-chemin entre une Joan Baez acidulée et Grace Slick) qui contraste avec une musique acid-rock pleine de grosses guitares fuzz à réveiller les morts, voilà le délicieux repas au menu.
Après un Another Sunset, Another Dawn détonnant et son solo vertigineux, le groupe nous sert une sorte de petite pépite presque pop, à la voix claire et limpide.
Puis vient, pour terminer la face A, une superbe reprise de A House Is Not A Motel, qui n'a avouons le rien à envier à l'originale. Plus énergique, plus endiablée que la version de Love (sur le mythique album "Forever Changes"), cette reprise est en plus ponctuée par un solo plus long, plus lourd voire même presque plus intense que celui - déjà irréprochable - de la version originale. Lourd, gras, à la sauce heavy-psych, avec un batteur déchaîné qui s'en donne à coeur joie !
Mais le sommet de l'album vient après, sur la première moitié de la face B : Here From There. Une courte intro chantée, longues symbales et riff rapide en fond musical, s'efface enfin pour laisser place à l'entrée d'une mélodie simple mais efficace de guitare. Commence enfin la longue ascension psychédélique vers l'orgie instrumentale !
La guitare et la voix (en space whisper à la Gilli Smyth) semblent converser ensemble pour faire monter la chaleur, pendant qu'une basse omniprésente structure le tout à l'aide de cette batterie toujours aussi déchaînée. On imagine facilement cette partie du morceau durer une éternité, dans les concert acidulés que le groupe a pu donner dans sa courte existence fin des 60's.
Sur la version réeditée dans les années 90's par le label "Kissing Spell", renommé pour l'occasion The Child Dreams, ce morceau est complété par une intro et une outro largement modifiées par de gros effets space-rock pas mauvais mais qui dénaturent malheureusement la musique originale.
La révolution Internet et la blogosphère nous ont déjà montré par expérience qu'un certain nombre dé pépites oubliées - toutes époques confondues - peuvent ressortir au goût du jour pour le grand plaisir des mélomanes. C'est le cas du groupe Axe, lourde fuerie acid-rock comme il en y en avait pléthore dans les grandes années du psychédélisme.
Certains musiciens, encore vivants aujourd'hui, sont peut-être également toujours actifs. Comme il est bon ton depuis quelques années de se pavaner devant des reformations plus ou moins underground (mais néanmoins quelque peu ressorties de l'anonymat), pourquoi ne pas imaginer, de nos jours, un nouveau live à se mettre sous la dent ?
[Critique écrite en septembre 2013]