Music (Almost) Complete
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le 10 oct. 2015
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Formé sur les cendres d’une tragédie, la situation actuelle de New Order n’aura jamais été aussi proche de celle dans laquelle il se trouvait en 1980. Sa longue absence depuis le décevant Waiting for the Sirens' Call cachait en vérité une dissension entre le bassiste, Peter Hook, et le reste de la bande. En 2009, son départ a été officialisé et l’avenir d’un des plus grands groupes de la new wave et de l’électropop a longtemps été en suspens.
Le départ d’un membre historique n’a pourtant rien changé. Les Anglais ont toujours continué malgré la mort de leur premier chanteur et cela ne change pas aujourd’hui. Tom Chapman ayant la lourde tâche de remplacer ce cher Hooky. L’inquiétude au sujet de ce nouvel album était légitime. Comment allaient-ils s’en sortir sans la participation d’un homme qui n’était pas seulement leur bassiste ? Il était leur colonne vertébrale. Le supplément mélodique renforçant la magie mélancolique que pouvait évoquer leur son hybride. Entre dance, rock et pop.
Music Complete est heureusement rassurant. Avec le retour de Gillian Gilbert et la venue de nouvelles têtes, la formation retrouve une certaine verve qui s’était égarée sur leur précédent album déjà vieux de dix ans. Bernard Sumner reste égal à lui-même avec sa voix touchante qui a également gagné en assurance. Toujours capable de composer des chansons simples en apparence, mais dissimulant une mélancolie diaphane s’insinuant par tous les pores pour vous faire trembloter la lèvre supérieure. Une mélancolie traître et donc profonde.
« Restless », derrière son aspect de single très classique, s’avère particulièrement accrocheuse et décrit bien finalement ce disque sans prise de risque, mais composé avec envie et passion. A ce titre, le refrain de « Academic » est bouleversant. L’hymne « Plastic » alignant même des paroles naïves et lumineuses sans être nunuches puisque plutôt ironiques (ce qui est la grande classe).
Les titres les plus house sont évidemment les plus enthousiasmants, notamment le génial « Tutti Frutti » et « People on the High Line ». La participation de la chanteuse de La Roux n’y est sans doute pas étrangère. Des surprises qui n’en sont pas véritablement puisque la troupe a souvent excellé dans ce domaine, notamment sur le remarquable Technique.
Finalement, Music Complete a les défauts de ses qualités. Il est très solide mais aussi parfois alourdi de chansons qui ne seraient que d’honnêtes faces-B dans d’autres circonstances telles que « Singularity », « The Game » ou le spoken word d’Iggy Pop sur « Stray Dog » qui aurait ravi Ian Curtis (grand fan devant l’éternel), sans être pour autant vital.
C’est l’inconvénient quand le niveau standard d’un groupe est élevé, on devient exigeant par la suite. Cela devient moins pardonnable avec le pompeux « Nothing But A Fool » dont la longueur n’est pas justifiée. Dommage, car la mélodie principale reste jolie.
Toutefois, la grande interrogation reste les lignes de basses de Tom Chapman. Se montre-t-il à la hauteur de son célèbre prédécesseur ? Réponse : il s’en sort bien sans prendre aucun risque. Il fait du Peter Hook sans en avoir le même son caractéristique. Donc c’est évidemment moins bien. Heureusement, il sait se montrer ingénieux (excellente attaque à la basse sur le percutant « Unlearn This Hatred » au moment du refrain).
En bref, ceci est de la musique de vieux. New Order étant, bien entendu, trop âgés pour se réinventer comme ils ont pu le faire lors de la première disparition d’un de leurs membres les plus importants.
Cependant, Music Complete laisse au moins un bon souvenir derrière lui et quelques morceaux à inclure dans leurs meilleurs moments (les pistes 3 à 6). Il ne faut pas trop en demander à des gens dont les rides se creusent de plus en plus. Mais tant que leur musique évoquera autre chose que le dépit et nous provoquera un pincement au cœur, on peut continuer à se montrer bienveillant envers eux et à les aimer profondément.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.
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le 19 janv. 2016
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