Dimension osef

Au vu des rebondissements rocambolesques ayant présidé à sa gestation, il serait légitime de valoriser le fait que cet album existe tout simplement. Le groupe l'avait annoncé comme un successeur de la furie biscornue de "Rocks" et personne n'y croyait vraiment. Après écoute, il s'avère en effet qu'on est plus dans la lignée du très lisse "Get a Grip". Les titres les plus rudes du lot sont effectivement rafraichissants ("Lover Alot", "Street Jesus", "Legendary Child") mais le reste peine à séduire, que ce soit par pure putasserie (le duo avec Carrie Underwood sur "Can't Stop Loving You" n'était vraiment pas une nécessité) ou par un certain cynisme sur la forme qui peut légitimement fâcher le fan. ("Another Last Goodbye" ? Vraiment ? En chanson de fin ?). Steven Tyler est un chanteur d'exception, sans doute le ténor hard rock dont la voix a le mieux supporté les affres du temps. Je dirais même qu'il chante mieux dans sa soixantaine et c'est bien le seul (du moins dans la catégorie des rockstars portées sur les aigus, caste qui a invariablement tendance à accuser le coup avec l'âge). Cet homme peut chanter tout son répertoire avec deux fois plus de maîtrise qu'à l'époque des enregistrements. Même Glenn Hughes n'est pas à ce niveau. C'est inestimable. Pourquoi donc s'obstiner à produire tant de choses oubliables pour si peu de substance ?