Voilà comment David, artiste extrêmement intelligent et lucide, définissait lui-même cet album de 1987, un des plus mauvais de sa carrière. Alors, bien sûr, on pourra toujours hésiter entre lui et Tonight en 1984, peut-être pire encore. Après le triomphe mondial de Let’s dance, Bowie était devenu une pop star qui fréquentait la jet set, participait à tous les concerts caritatifs (Live Aid…), continuait les abus et surtout qui perdait sa créativité. Dire que c’est le même artiste qui a enregistré cette série de sublimes albums dans les années 70 (quasiment rien à jeter !), il faut vraiment se pincer très fort pour y croire. Déçu par Tonight, aux ventes honorables mais artistiquement au point mort, David monte un groupe solide pour son prochain album, dominé par les 2 guitaristes Carlos Alomar et Peter Frampton ainsi que le multi-instrumentiste Erdal Kızılçay. A part ça, ben, pas grand-chose à dire, 3 singles « écoutables » en ont été tout de même tirés : Day in-day out, Time will crawl (quitte à choisir un titre à sauver, ça pourrait être celui-ci ?) et Never let me down. Aucune originalité, du pop-rock standardisé, rien qui décolle, qui retienne l’oreille et frappe la mémoire. Au contraire, certains morceaux tombent même bien bas sur des titres comme Shining star (ratage total) ou Zeroes. Les paroles sont d’une platitude qui dénote un manque évident d’idées, comme si David était empêtré dans son costume de « rock star » et n’arrivait pas à s’en débarrasser. Ce qu’on va d’ailleurs lui reprocher pour la tournée qui a suivi, le Glass Spider Tour, pharaonique, où la scène est surmontée par une araignée lumineuse géante de 18 m de haut !!! Bowie a bien compris qu’il était en train de se perdre (et de perdre une bonne partie du public aussi…) lentement mais sûrement. Sa solution ? Créer un groupe, Tin Machine à partir de 1988, dans lequel il pourrait se fondre et ne plus avoir à chanter ses anciens tubes. Mais l’aventure a tourné court au bout de 2 albums studio et un live, guère plus convaincante que ça. Il allait falloir attendre Outside en 1995 pour qu’il se réinvente vraiment.