Deux ans. Voilà la durée météorique qu'a duré les Sex Pistols. Deux années durant lesquelles la bande à Johnny Rotten a mis pour se pointer, vérifier les robinets, fermer les fenêtres et proposer un album à la pochette sertie de jaune et rose fluo répondant au doux nom de Never Mind the Bollocks (en gros, "On s'en bat les couilles").
On est en octobre 1977 quand sort ce premier LP, et les membres du groupe sont tous très jeunes; entre 20 et 22 ans. De vrais rebelles, un album rebelle, un nom de groupe rebelle dans une Angleterre où il ne faisait pas bon ouvrir sa gueule. Voilà en quoi les Pistols ont défrayé la chronique y a plus de 35 piges. Des attitudes très provoc, des interviews qui dépassaient le politiquement correct, des concerts où t'avait des flics posté à la sortie tellement ça rameutait du beau linge. C'est le London de la fin des seventies. Le mouvement punk est en plein essor et les Sex Pistols vont se poser - ou plutôt on va les désigner - comme les parangons de la contre-culture british, faute de mieux pour certains. Alors que des groupes contestataires connus à l'époque au Royaume-Uni, y en avait un paquet. Voici quelques groupes anglais qui virent sortir leur 1er album la même année que celle du 1er Sex Pistols :


Damned Damned Damned - 18 février 1977 (1er album de The Damned) et Music for Pleasure le 18 novembre 1977.
Rattus Norvegicus - 1er avril 1977 (1er album de The Stranglers)
The Clash - 8 avril 1977 (1er album de The Clash)
In the City - 20 mai 1977 (1er album de The Jam) et This Is the Modern World le 18 novembre 1977.
Pink Flag - décembre 1977 (1er album de Wire)


Malcolm McLaren a bien pigé le truc dans une décennie qui se cherchait. Il fut le manager du groupe et accessoirement celui qui le fit couler en voulant le baiser. Procès avec Johnny Rotten qui quitta le groupe en janvier 78. Trois mois après la sortie de leur unique album studio, les Pistols avaient déjà splité.


L'attitude et le comportement des Sex Pistols attiraient davantage l'attention que leur musique. L'année 77 a été celle de tous les travers, de tous les abus et de la censure. Le single God Save the Queen sorti en mai 77 a défrayé une Angleterre conservatrice et puritaine. La pochette montre la reine Elizabeth II, le visage obstrué par le titre de la chanson. Le morceau est interdit sur nombre de radios, à la télévision et la BBC en a fait le titre britannique le plus censuré de l'histoire. C'est dire le level ici.
Le seul endroit où les Sex Pistols se sont forgés une réputation se situe uniquement hors du cadre purement musical ; à savoir dans leurs frasques périphériques (interviews qui dérapent, trois labels en 6 mois, dispute dans un aéroport avec des membres du personnel, insultes à la télévision, fiasco de la tournée US fin 1977, etc etc)


Durant leur carrière, les Sex Pistols ont effectué une série de gestes provocants pour susciter des réactions d'indignation de la part de leurs détracteurs. Johnny Rotten a posé pour le photographe Bob Gruen, avec une croix gammée accrochée à son pull-over tout en levant le bras droit à la verticale. Par la suite, pour les besoins de la vidéo Pretty Vacant, le chanteur a arboré un tee-shirt avec une nouvelle fois une représentation de la svastika, accompagnée de la mention « Destroy ».


Steves Jones (le guitariste du groupe) dira « Je ne vois pas comment quelqu'un peut nous décrire comme un groupe politique. Je ne connais même pas le nom du premier ministre. »


Les Sex Pistols étaient de piètres musiciens (comme beaucoup de groupes à l'époque d'ailleurs), ils étaient managé par un mec aux dents longues pour les besoins de la cause marketing, ils étaient jeunes, fougueux, provocateurs, grossiers et arboraient de surcroît des vêtements très remarqués (quand ce n'était pas aussi les cheveux colorés).
Là où ils passaient c'était à coup sûr le désordre voire l'émeute.


Sex Pistols a été une des plus grandes swindle musicales du 20è siècle. Certes en 1977/78, l'album a dû avoir un grand impact sur le Royaume Uni, principalement par son coté faussement subversif, par les gugusses du groupe, par les frasques d'à-coté, MAIS jamais au grand jamais on ne pourra considérer cet album comme de la bonne musique. Il a fait son effet à l'époque, ok mais 35 ans après que reste-t-il de tout ce fatras de fer et d'acier, hein ? "God Save the Queen" pour sa provoc ultime ? Anarchy in the UK pour son titre sans équivoque ? "E.M.I." qui traite de la maison de disques du même nom qui les a dégagés à raison ? Pour quoi et pourquoi ?


Si vous voulez de la vraie zik, il faut se tourner vers Public Image Ltd. Là ouais ça tient la route, et Johnny Rotten d'affirmer une réelle qualité corrosive. Mais franchement entre nous, les Pistols n'est purement et simplement qu'une arnaque.

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le 14 janv. 2016

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