C’est album commence par un coup de tonnerre. Un morceau devenu classique, et hymne de toute une génération. Et ça, ce n’est rien. Le plus impressionnant, c’est que cet hymne est suivit d’un autre morceau encore plus énorme, qui vous secoue comme un tremblement de terre. Tout ou presque a été dit sur cet album, le groupe, l’époque. Je ne vais pas innover car j’adhère. Le rock ressuscité d’entre les morts, devenu grunge, retour à l’essence du rock, avec une rage qui n’est pas feinte, une forme qui n’est pas glamour, un album qui n’est pas poseur, formaté et reformaté, le truc insipide que j’entends depuis des années. Enfin quelque chose de neuf. Enfin un vrai compositeur dans le domaine rock. Chaque morceau est une exploration poussée de l’univers torturé du groupe et de l’esprit de son leader charismatique. Inspiré, désespéré, viril, avec peu de virtuosité, ce groupe arrive à faire de son vécu underground, avec ses défauts, sa marginalité, un produit séduisant, vendeur, et corrosif comme de l’acide sulfurique. Pourquoi c’est bon ? Parce que c’est ce qu’il fallait sortir à ce moment T de l’histoire du rock, parce que c’est ce que personne n’attendait plus. Et c’est pour ça que ça a marché à ce point. Rock is not dead ? Mes préférés, ça a toujours été In Bloom, Come As You Are, Lithium, Smell Like Teen Spirit, bien sûr. Maintenant c’est Drain You, Polly, Something In The Way.
Dave Grohl a dû casser sa batterie, tant il tape FORT ! comme un sourd, fort. La basse de Novoselic, complète à merveille la rythmique « sale » de Cobain. Caressante, cette basse, tout en rondeur, comme dans du coton. Cobain en clown blond, féministe, anti-star, trop complexé et trop complexe pour qu’on le limite à l’imagerie du grunge. Mélodies un brin nihilistes, un brin poétiques. La voix de Cobain écrase le groove comme du verre pilé... Perfect match ! On en prend plein la gueule, à tous points de vue, et on aime ça. Un mixage taillée avec précision dans le marbre, qui éclaire tout cette ambiance pessimiste de gloire, qui contrôle toute cette énergie, et la libère en même temps, juste comme il faut. Des mélodies trop belles pour un jeu aussi « sale ». On a à l’arrivée l’album qui va devenir culte, et le rester pour longtemps. Et un je-ne-sais-quoi qui laisse planer l’espoir.
Nirvana a compris qu’il faut miser sur l’émotion, il faut qu’elle soit énorme, et la contrôler à tout prix, sinon, elle te bouffe. Beaucoup de groupes de pop, rock, n’ont pas compris ça. Et le violoncelle très lyrique de Something In The Way, est indicatif, pas vindicatif. Heureusement qu’ils ne sont que trois, parce que ce genre d’albums, ça s’écoute fort ou rien, et en trio, ils nous éclatent déjà la tête. Et voilà que monsieur X intervient dans ma critique. Il dit :
Monsieur X : « Ah bon ? Ils ne sont que trois ? »
Moi : « Affirmatif. »
Monsieur X : « Mais pour moi ils sont 5 ou 6, tant ça tape fort ! »
Moi : « Normal, ils sont arrivés à maturité. »
Un morceau comme Territorial Pissings aurait sonné mainstream. Là, il sent réellement la pisse. Et curieusement, le travail des chœurs de On A Plain me rappelle les Beatles, mais en beaucoup plus rock. Les Beatles, c’est peanuts à côté. Cobain était donc un petit malin. Son rock, il y a de la pop dedans. Smell it !