J'avoue avoir été décontenancé face à NFR!, la maturité qui se dégage de la chanteuse, les paroles qui décrivent tellement bien notre époque malade, les instrumentaux épurés laissant le focus sur sa voix, l'ambiance dépressive. Pourtant ma première écoute de ses 1h07 de smooth, de spleen et de mélancolie en continue fut difficile voire pénible.
Cette œuvre n'est effectivement pas un produit de plus destiné à une masse abrutie par ce qu'on nous sert chez NRJ ou Virgin Radio. Je suis moi-même rarement satisfait de cette soupe pop/débile/accessible qui nous est servie.
L'album doit se déguster comme un bon whisky et il n'est vraiment pas recommandé de s'enfiler une bouteille d'une traite au risque de l’écœurement, de la révulsion et du mal de crâne.
Ce n'est qu'en distillant ce brut de fût qu'on peut se délecter de ce produit difficile d'accès. On est loin du whisky/coca NRJ et l'euphorie immédiate qu'il procure à base d'alcool bas de gamme et de sucre. Ça s'apprécie dans le canapé, près du feu de bois et non en discothèque. On a affaire à une fabrication de caractère qui nécessite non pas l'éducation du palais mais des tympans.
Et puis gorgées après gorgées, morceau après morceau, phonème après phonème, on apprend à en déceler les subtilités et à l'apprécier à sa juste valeur.
A écouter de manière sporadique donc dans un premier temps, plutôt deux fois qu'une même, pour un public averti d'initiés.